Honnêtement, j'ai l'impression que l'Archange a dû traverser des moments très difficiles pour enregistrer une œuvre aussi sombre. Une sorte de concept album au cours duquel, sur plus de la moitié des morceaux, il pose des réflexions sur la séparation, la mort et la douleur qu'elle engendre ; même si régulièrement il laisse une place à l'espoir.
Hormis le récréatif et funkysant " The Barry Williams show ", réminiscence de " Sledgehammer ", on ne rigole pas beaucoup à l'écoute d'" Up ". Certaines plages ne manquent pourtant pas de mordant. Et je pense tout particulièrement à " Growing up " et à " More than this ", deux morceaux électro-tribaux. Le premier 'björkien', boosté par un groove de basse viscéral. Le second, truffé de samples. Ou encore du semi post industriel, semi atmosphérique, " Darkness ". Mais au fil de l'écoute, une profonde mélancolie commence à vous envahir ; le ton particulièrement intimiste et pessimiste des chansons accentuant cette impression. Depuis " Sky blue ", qui bénéficie pourtant du concours des choristes du Blind Boys of Alabama et surtout de l'omniprésence de Daniel Lanois ( percus, machines, guitare et bidouillages) à " The drop " (NDR : tout au long duquel il se la joue à la Peter Hammil, en accompagnant sa voix de son seul piano, avant de sauter dans le vide), en passant par la prière filmique (Ennio Morricone ?) " No way out ", l'éthéré, 'wyattien' " My head sounds like that " (falsetto, cuivres et mellotron y compris), et deux symphonies contemporaines, prog rock. Tout d'abord " I grieve ". Mais surtout " Signal to noise ". Une compo qu'il avait conçue et jouée 'live', en compagnie de Nusrat Fateh Ali Khan, mais également de Youssou N'Dour. NFAK participe à cette nouvelle mouture, mais également le London Session Orchestra. Sans oublier les percus de The Dohl Foundation. Le tout pour un fragment bouleversant de mélancolie. Beau à pleurer ! Comme d'hab, le Gab s'est entouré d'une pléiade de musiciens de studio, parmi lesquels on retrouve les incontournables Manu Katche, Tony Levin et David Rhodes. Mais faudra vraiment être un inconditionnel de Gabriel pour apprécier cette œuvre, car nonobstant l'intensité phénoménale qu'elle libère, elle n'est plus dans l'air du temps ; et surtout, elle m'a foutu le bourdon. Là dessus je m'en vais remettre Manu Chao dans mon lecteur Cd…