Telle une limace baveuse traçant sa route aux commissures de mes lèvres, une grimace hideuse fige mon rictus alors que je me tortille frénétiquement sur le carrelage humide.
A l’intérieur du compartiment Cd, le rayon laser balaye méticuleusement les équations binaires qui savamment orchestrées s’agencent en de multiples essaims venant se heurter par vagues successives sur les récifs abrupts de ma réticence dubitative.
Un sourcil paresseusement levé interroge en vain.
« David comes to life » est un album concept, idée qui à elle seule soulève tant le cœur que la curiosité.
Quelques vagues réminiscences nauséeuses qui effacent le souvenir du meilleur du genre. Argh ! Scabreux défi mis en perspective en quatre actes imaginé par le groupe de Toronto.
Le genre de projet foireux et absolument fou que d’aucun n’oserait relever.
Et par ailleurs, absolu contre-pied débonnaire dans le plus pur style Punk, puisque prenant justement le parti d’user d’un précepte à l’encontre de l’esprit Punk (vous me suivez ?), cet Opéra Rock moderne se fout royalement des conventions, et prend un malin plaisir à se jouer des codes en vigueur.
Nous voici contées les affres de David, parabole sur l’Amour, la guerre, la folie humaine, et nombre de ramifications possibles. Le décor est planté dans les ruines fumantes d’une ville industrielle britannique, à la fin des années 70. L’histoire débute par la perte de l’être cher lors d’un bombardement. Les pièces du puzzle se mettent en place, tandis que la raison de David Eliade, elle, se morcelle. Alors qu’un dialogue interne s’instaure entre lui et le narrateur, une nouvelle approche est mise en lumière sous les projecteurs blafards de la relativité.
Quand le Punk se fait cérébral.
Mais quid de la musique, me direz-vous ?
Indépendamment de la structure et de la narration, l’album peut très bien s’écouter comme un brûlot foldingue à l’énergie décadente. « David comes to life » tient la route d’un bout à l’autre et procure son quota d’excellents morceaux.
Encore plus recherché musicalement que son prédécesseur (« The chemestry of common life »), ce troisième album des protégés du label Matador ose l’improbable avec aplomb et une sacrée dose de second degré.
Les vociférations de son leader, Damian Abraham, parfois un rien lassantes, sont contrebalancées ici et là par de charmantes voix féminines, donnant une aura plus Pop à l’ensemble, un peu comme si par moment on entendait Arcade Fire jouant sur des charbons ardents.
Alors, bien sûr, au long de ces 78 minutes, on n’évite pas toujours la lourdeur de quelques guitares grassouillettes et quelques poncifs du genre Glam, propres à toute mise en scène grandiloquente de ce type. Mais qu’importe, car au final, ces malins iconoclastes finissent de donner une belle leçon d’inventivité et de radicalité à l’industrie musicale moribonde.
Fucked Up, but happy!