Ces cordes discrètes mais somptueuses, ces arpèges de beats délicats, ces mélodies timides mais tellement limpides, et surtout cette voix, parfois chevrotante, souvent envoûtante, font de ce disque une petite merveille, sans aucun doute le meilleur de la jeune Anglaise. Pas que les précédents soient mauvais, bien au contraire… sauf qu'ici Beth Orton a réussi un sans fautes, un point c'est tout ! En alliant fort joliment l'électro la plus câline au folk le plus céleste, Orton abat toutes ses plus belles cartes et remporte la mise, là où d'autres n'ont récolté pour l'instant que de pauvres petites miettes (Tracey Horn, Emiliana Torrini, et on attend l'album solo de Beth Gibbons de pied ferme). Evidemment, à la base de ce splendide coup de poker, veillent quelques génies de la production et du BPM : William Orbit, les Chemical Brothers, Ben Watt d'Everything But The Girl, sans parler de Ryan Adams et d'Emylou Harris, tous deux à l'origine de cette teinte country-folk qui rend " Daybreaker " encore plus attachant. Qui peut se vanter ces temps-ci d'avoir enfanté un disque à la fois soul et country, folk et électro ? Personne. Sauf Beth Orton. Laissons à l'avenir le soin de nous dire si tel disque n'était juste qu'un éclair de génie dans une carrière sans grands rebonds, ou la preuve irréfutable d'avoir découvert à temps une grande artiste en devenir.