Contrairement à ce qu’on pourrait croire, Mina May et l’actrice porno du même nom n’ont aucun point commun. Enfin, presque, puisqu’on ne décèle rien que de la testostérone chez ce quatuor toulonnais formé en 2000 : Antoni (basse-claviers-guitare), El Pulpo (batterie), Kriss Baritone (guitare) et Flashing Teeth (voix, guitare, claviers). Après avoir accordé des centaines de concerts, un premier album éponyme sort en 2008, puis un remarquable Ep (« Skylarking »), l’année suivante. La formation décide alors de partir et de s’évader pour mieux se retrouver. Leur année passée ensemble à Montréal a donné naissance ce 15 novembre à « Everything was beautiful and nothing hurt », un opus publié sur le label indépendant Pacinist / Almost music.
Un album puissant, qui démarre sur les chapeaux de roue, en balançant des sonorités à la Ghinzu. Excusez du peu ! La suite ne déçoit pas. C’est du rock, du vrai, toutes guitares électriques dehors et ambiances psyché empruntées aux Doors. C’est enivrant, hypnotique. La façon de chanter (en anglais) de Flashing Teeth n’est pas sans rappeler les années New Wave. Siouxsie, tout particulièrement. Mais la voix proprement dite ressemble à celle de Frank Black, des Pixies. Une sacrée référence encore ! Le cinquième morceau marque une rupture nette et soudaine. « Everything was beautiful and nothing hurt » est beaucoup plus électro, la voix est plus présente et plus torturée. Un bijou. « Visitor » a des allures de longue litanie déstructurée, davantage parlée que chantée. Sur « Think Twice », on retrouve le style autrement plus rock du début de cet elpee. Les guitares de « Nails on stainless steel » sont stridentes, presque dérangeantes pour qui serait sensible aux acouphènes. « Rising sun » nous permet de planer pendant 6 délicieuses minutes électro. Et nos boys psychédéliques concluent par « In the turmoil », lors d’un mélange rock et synthés vintage qui résume bien leur style, souvent comparé à celui de Radiohead, à très juste titre.
Bref, un disque riche, ambitieux, intéressant, intelligent et qui brasse une multitude d’influences. Ne passez pas à côté de cet elpee typiquement anglo-saxon et pourtant bien français. Un grain de folie et beaucoup de talent. Et plus on écoute, plus on aime, vous êtes prévenus !