David Lynch cherche de nouveaux horizons pour chouchouter son cher public. Il choisit donc de se laisser choir dans la chanson. Charmante idée à priori! Changeant de ton sur chaque piste, l’une chassant l’autre comme on jetterait un chat noir tel un chiffon dans une chasse aux sorcières. Certains se sentiront chagrinés par ces enchaînements peu chatoyants, d’autres déboucheront peut-être le champagne et chantonneront : ‘Lynch est un génie, un champion toutes catégories’. Mais cet album est plutôt charcuté et digne d’un charlot que chargé et blindé comme un char prêt à écraser chaque obstacle sur son chemin. « Crazy Clown Time » fait chuter le cinéaste au rang de charlatan. Il nous sert du réchauffé, il ne chamboule pas le monde musical. Il a versé dans un chaudron de vieilles chaussettes usées qu’il espérait changer en chant chaleureux. C’est quelque peu le chiche-kebab. On ne sait pas trop ce qu’on peut trouver dedans. C’est de la chirurgie, on rafistole. Mais nous ne sommes pas de vulgaires chameaux qui peuvent être chahutés au bon vouloir des chacals qui les entourent, il faut que l’on puisse s’abreuver aux bonnes sources. Dès lors, si son challenge était de chambarder, ce vieux charognard n’a pas raté son coup. Son disque est bien chaloupé, il nous fait même parfois un chouia chanceler, il nous chatouille les tripes. Mais cet ensemble parait aussi chétif qu’un château de cartes. Si un chasse-neige passe par-là, il aura vite fait de chaparder la place de David Lynch.
« Crazy Clown Time » est une allitération musicale (vous savez cette répétition de sons dans une phrase ou un texte). C’est indiscutablement un exercice de style, mais je vous laisse juger si c’est poétique ou si, au contraire, c’est d’une lourdeur profonde.