Il y a quelques années, Virgil Shaw était le leader de Dieselhed, un groupe de San Francisco quasi inconnu de ce côté-ci de l'océan. Aujourd'hui, il préfère se la jouer solo, à l'instar d'un Will Oldham en échappée belle de Palace. Les deux chanteurs ont d'ailleurs en commun cette fragilité country qui peut faire des merveilles quand elle n'est pas trop appuyée : c'est le cas tout au long de ce " Still Falling ", comme sur les deux albums de Bonnie Prince Billy (l'un des pseudos d'Oldham). Pas question donc de verser ici dans le sentimentalisme niais ou dans la tristesse maladive, qui sont souvent synonymes d'ennui le plus profond : " Still Falling " captive, du moins une fois sur deux. De fait, les chansons paires sont meilleures que les chansons impaires : hasard du tracklisting et de notre subjectivité, sans doute ; en tout cas difficile de ne pas succomber aux jolis " Wet Splashes " et " Still Falling ", sans parler d'" Imaginary Guitars ", longue complainte cyclothymique, pleine de cahots de guitares et de chants habités. Quant aux deux reprises, " Wilderness Of This World " (Terry Allen et David Byrne) et " Sing Me Back Home " (Merle Haggard), elles ne s'avèrent pas totalement convaincantes : normal, elles font partie des chansons impaires… A noter également la participation de Mark Eitzel et de Danny Heifetz (Mr Bungle). Un conseil aux amateurs de rock burné : passez votre chemin. Quant aux autres, ils peuvent toujours tenter une partie de pile ou face. Pile : les chansons 2, 4, 6 et 8. Face : les chansons 1, 3, 5, 7 (pas mal) et 9. A vous de jouer.