Il y a quelques années, Neil Young avait accompli une tournée mondiale en compagnie de Booker T & The MG'S. Une expérience qu'il avait cependant abandonnée au beau milieu de son périple européen, estimant que la collaboration n'avait pas eu le résultat escompté. Faut croire que ce semi-échec lui est resté en travers de la gorge, puisque pour enregistrer son nouvel opus, il est allé rechercher deux musiciens de cette formation mythique : le claviériste Booker T. Jones et le bassiste Donald ‘Duck’ Dunn. Deux autres invités ont également participé à la confection de ce disque : Frank Sampedro, le guitariste de Crazy horse, et Steve ‘Smokey’ Potts, un drummer qui a côtoyé autrefois des artistes tels que Otis Redding ou Wilson Picket. Résultat des courses, " Are you passionate ? " trempe dans le Ryhtm'n blues. La Memphis soul ou encore la ‘Motown soul’, si vous préférez. L'orgue gargouillant, rogné de Booker T. Jones en donne la coloration, alors que l'assise rythmique est imposée par Dunn. Certaines ballades glissent cependant dangereusement dans le slow crapuleux, la guitare de Neil se mettant alors à sonner comme celle de Carlos Santana. A l'instar de " You're my girl " ou de " Differently ". Je dois néanmoins avouer que dans ce style, Neil ne me botte pas trop. On a ainsi parfois le sentiment qu'il y confond passion et sentimentalisme ; son timbre gémissant accentuant cette impression. Heureusement, lorsque le groove s'agite et palpite avec authenticité, le mélange devient presque magique. Comme lors du final, " She's a healer ", ponctué par l'intervention d'un trompettiste. L'elpee recèle également un hommage aux victimes du 11 septembre (" Let's roll "), et puis un fragment sculpté dans l'intensité électrique crazyhorsienne, et imprimé sur le rythme de la danse du scalp : " Going home ". Le seul ! 8'47 de bonheur total ! " Are you passionate ? ". Pour ce seul fragment, c'est sûr. Pour le reste, c'est un peu plus mitigé. Mais il faut croire que les aficionados de Booker T doivent penser exactement le contraire…