Au début des années 80, Annihilator est passé à deux doigts de devenir aussi populaire que Slayer ou Metallica. Victime d'un problème de promotion, mais surtout d'incessants changements de line-up, le groupe canadien pratiquait pourtant, déjà un trash technique, largement en avance sur son époque. Annihilator nous assène un nouvel opus fort copieux et jubilatoire, sous forme d'hommage à tous les groupes qui continuent à passionner le leader de cette formation, Jeff Waters. Mais qu'on ne s'y méprenne pas, si les clins d'œil aux géants du métal y sont légion, il ne s'agit en aucun cas d'un album de reprises. A l'écoute de " Shallow Grave ", impossible de ne pas penser à " Overdose " d'AC/DC. " Hunter Killerne " ne dépareillerait pas dans le répertoire de Slayer, le titre maître sonne comme du Blue Oyster Cult survitaminé, tandis que l'ombre de Judas Priest plane sur le violent " Time Bomb ". Soulignons encore la qualité de la production et la performance du chanteur Joe Comeau. Cet ex-guitariste d'Overkill réussit l'exploit de moduler sa voix tantôt à la Bon Scott, à la Halford ou encore à la Bruce Dickinson. Varié mais homogène, puissant mais souvent mélodique, technique mais pas nombriliste pour un sou, l'œuvre constitue au final un très très grand album de trash métal old school ; un opus tout à fait incontournable pour les amateurs d'un style détrôné depuis une décennie par le black et le death métal, qu'il a pourtant engendré.