De retour au Caire depuis 1999, Natacha Atlas semble de plus en plus se rapprocher de ses racines. Déjà sur son précédent opus, elle s'était totalement immergée dans le shaabi, la musique populaire traditionnelle égyptienne ; et puis surtout, avait écrit ses chansons en arabe. " Ayeshteni " s'inscrit parfaitement dans la lignée de " Gedida ". Un disque tout autant imprégné par la culture d'Afrique du Nord, son rythme et ses passions. Et tout au long de cet opus, qu'elle illumine de ses volutes vocales, les oscillations de cordes exotiques et les arpèges de cordes se conjuguent aux percussions tribales et aux accès de basse dub. Et cet équilibre délicat, établi entre production brillante, assurée par ses fidèles collaborateurs Tim Whelan et Hamid Mantu, et mélodies intenses, lui permet même de revisiter, avec beaucoup de bonheur et d'originalité, le célèbre " I put a spell on you " de Screamin' Jay Hawkins et l'intemporel " Ne me quitte pas " de Jacques Brel. Seul le remix de " Manbai ", opéré par Nitin Sawhaney, fait un peu tâche d'huile dans l'ensemble. Encore que les DJ's ne doivent pas du tout partager mon point de vue. Comme les puristes de world music, qui risquent même de tirer à boulets rouges sur ce qu'ils considèrent probablement comme beaucoup trop dénaturé par la technologie moderne. Mais ici, c'est une question de goût…