Billy Boy est né à Chicago en 1935. Alors qu'il ne compte guère plus de 13 ans, il a l'audace de pousser la porte de son idole, John Lee "Sonny Boy I" Williamson ; le vrai ! En 1948, BB apprend donc les rudiments de l'harmonica au contact de ce musicien mythique, alors très populaire auprès des audiences noires. Il n'aura pas le temps de le rencontrer souvent puisque John Lee fut assassiné la même année, dans une rue de Chicago. Il connaîtra un autre fait mémorable lorsqu'en 1955, il enregistra le fameux single de Bo Diddley, "Bo Diddley / I'm a man".
Billy Boy enregistre ensuite pour Vee-Jay quelques titres incontournables, tels que "I wish you would" et "I ain't got you". Disparu de la circulation un long moment, il est réapparu ces dernières années, le temps de commettre 2 albums pour Alligator : "Back where I belong" en 93 et "Eldorado Cadillac" en 95.
Voici son grand retour en compagnie du Duke Robillard Band au grand complet, s'il vous plait! Duke est aux cordes, Matt McCabe au piano, John Packer et Jeff McAllister constituent la section rythmique ; alors que Doug James et Gordon Beadle se concentrent aux saxes. Et le résultat est probant ; le niveau musical est même très élevé.
Billy Boy a composé six des 12 titres, dont les toniques "Greenville" et "Come here baby". Il joue d'un harmonica très amplifié, dans un style proche de la légende Sonny Boy. Les meilleurs titres sont incontestablement "Let's work it out", un fragment assez jump boogie, et l'ouverture "Bad luck blues" parcourus par les plus belles interventions instrumentales de Matt et de Duke. "Hello stranger" est aussi une toute bonne composition. L'harmonica s'évade, pendant que la guitare de Duke veille au grain à l'arrière. Abordée sur un mode discret, assez laidback, la plage titulaire est particulièrement réussie. Stimulé par de bonnes apparitions très respectueuses du passé, de Duke et de Matt, BB se sent 40 ans de moins. Parmi les reprises, certaines valent le détour. Leur choix est sans doute inspiré par Duke. Ainsi soutenu par l'envol des saxes en solo, "Just got to know" et "Every night, every day", de Jimmy McCracklin, ainsi que "Home in your heart", pourraient figurer au répertoire du DR Band. Deux compositions de Ray Charles nous plongent dans une superbe ambiance. Tout d'abord "Greenback". Et puis "Blackjack", un slow blues procédant plus du style T-Bone que du Chicago blues ; mais que Billy Boy chante admirablement devant le piano de McCabe. Cet album sans faille est ponctué d'une interview de plus de 18', au cours de laquelle Mr Arnold nous raconte ses aventures vécues en compagnie de Sonny Boy et de Bo Diddley!