On a beau avoir beaucoup de sympathie pour un groupe, avoir été un des premiers à chroniquer leur opus éponyme (25.08.95) et louer les vertus rafraîchissantes de leur mélange de noisy de pop et de hip hop ; il faut se rendre à l'évidence, leur nouvel opus est décevant. Première raison : la voix de Shirley. Son timbre autrefois gouailleur, chargé de nuances et de feeling, est devenu terne, comme aseptisé. Et si le disque avait été uniquement constitué de chansons comme le single (" Androginy "), l'inconsistant " Cherry lips (Go baby go !) " ou encore l'insipide " Untouchable ", nous aurions pu le ranger dans le bac des Destiny's Child, Aqua, All Saints et pourquoi pas Madonna. Seuls, cinq fragments tentent de sauver les meubles. En l'occurrence " " Til the day I die " et " Silence is golden ", tramés sur un schéma proche de Boss Hog, le noisy, réminiscent de Curve, " Parade ", l'indolent, hanté par Mazzy Star, " So like a rose " et le fragment pop, presque prog, mais abordé dans l'esprit de Propaganda (NDR : Hooverphonic me rétorqueront ceux qui pratiquent un langage plus contemporain), " Nobody loves you ", que je considère comme le meilleur titre de l'elpee. Pour le reste, rideau. Un an pour pondre un tel album me paraît quelque peu indécent. Ce qui n'empêchera pas ce disque de bien se vendre. La machine promotionnelle est en route. Bien huilée, elle a déjà réussi à soudoyer une bonne partie de la presse non spécialisée. Et si vous êtes tombé dans le panneau avant de prendre la peine de lire ces lignes, tant pis pour vous…