Visiblement, le Mancunien Jon Brooks n'aime pas les redites, ni le surplace : son premier album, paru sous le pseudo " King of Woolworths " (en gros, le roi du GB…) rappelle aussi bien les ambiances éthérées de Boards of Canada (" Bakerloo ", boosté par un sample des High Llamas) que les beats enragés des maîtres du dance-floor (Prodigy en tête). Cette tendance à la dilution ternit un peu l'album, bien que le charme opère, surtout lors des derniers morceaux (" The Watchmaker's Hands " et " Theydon ", d'une beauté et d'une douceur renversantes). Entre voyages dans les limbes (des faubourgs de Kentish Hill aux splendeurs verdoyantes de Kite Hill) et plongée en apnée dans les ténèbres du BPM (Colcannon, sorte de Their Law revisité avec brio, la rage en poche mais pas en berne), " Ming Star " dispose des atouts pour remporter la bataille sur tous les fronts. Alors, Jon Brooks, " roi du GB " ? Responsable d'un bel exercice électro mid-tempo, proche donc des œuvres des artistes Warp les plus mélancoliques et du " French Band " Air, ce natif de Manchester a réussi la synthèse parfaite entre musiques du corps (le beat, la sueur) et du décor (la contemplation, l'évasion). Et non, cela n'a rien à voir avec de la musique de supermarché.