Iverson ‘Lousiana Red’ Minter est né en 1932 dans l'Alabama. Il perd sa maman quelques jours plus tard. Quant à son père, il sera assassiné par le Ku Klux Klan, en 1941. Sa jeunesse n'a donc pas été facile. Il ne fait donc aucun doute que sa rencontre avec le blues en a été facilitée. Depuis 1981, il vit en Allemagne, mais se rend désormais régulièrement dans son pays.
Bluesman remarquable, authentique, marqué par Muddy Waters et Lightnin' Hopkins, il a déjà signé quelques albums d'excellente facture pour Earwig. Notamment "Sittin' here wanderin" en 95 et "Millenium blues" en 99. Il reste avant tout un véritable blues writer, dont les lyrics prennent toujours tout leur sens. Comme par le passé, il se partage entre son blues acoustique ancré dans le Delta, et un blues urbain, puissant, largement électrique, à l'instar de l'ouverture "Driftin". Les musiciens sont de 1ère classe. Pas difficile à comprendre, puisqu'on y retrouve les mêmes que sur son précédent opus. En l'occurrence le pianiste Allen Batts, l'harmoniciste Willie "Big Eyes" Smith et le bassiste Willie Kent. Il est seul, assis, au bord du Mississippi, pour crier son "Hard hard time", avec pour unique compagnon, son dobro. Il embraie par le "Bring me some water" de Lightnin' Hopkins, avec un tel naturel et une telle présence, qu'il en devient impressionnant. Pareille pureté dans le blues se fait rare de nos jours. C'est toujours en solitaire qu'il nous accorde un boogie sale, primaire, éclairé de sa voix dominante : "Leaving Grandma". Petit hommage à une légende vivante, "The day I met B.B King", marque son retour à l'amplification. Red hurle alors son mal de vivre au Seigneur ; un cri de douleur épanché sur "Keep your hands on the plow". Il signe alors un témoignage, acoustique celui-ci : "I met Lightnin' Hopkins". En fin d'album, plusieurs plages électriques rappellent le Chicago blues de naguère. Et en particulier "Powder room blues" et "Train station blues". Une époque au cours de laquelle Muddy Waters régnait sans partage. Un excellent album!