Un titre d'album pareil est une aubaine pour le critique blasé qui trouve que les punks font toujours la même chanson : en deux phrases bien torchées, le tour est joué, et les Supersuckers sont relégués au fond du bac à soldes, puisque leurs chansons " se ressemblent toutes ", et n'ont donc aucun intérêt. Seulement voilà : les Supersuckers n'ont rien d'un groupe à la formule facile, copiant leurs aînés Sex Pistols et Buzzcocks en changeant deux ou trois accords pour le principe. En lorgnant parfois du côté du hard rock eighties un peu bourrin mais fort jouissif, ils arrivent ainsi à tenir tête à Lemmy et à sa bande, dont ils reprennent d'ailleurs ici le faramineux " Sex & Outrage ". Mais là où ils surprennent tout le monde, c'est en donnant leur version rageuse et décalée du " Burnin'Up " de… Madonna, le silicone en moins mais la testostérone plein les poches. Les Supersuckers n'ont donc aucun scrupule, et cela fait plus de dix ans que ça dure. Ce CD contient en fait les premières démos du groupe, sorties à l'époque (circa 1990) sur différents petits labels et aujourd'hui rassemblées sur une seule galette, pour notre plus grand plaisir. On y décèle déjà les ingrédients qui ont fait leur succès à travers les années 90 ; c'est à dire du son bien garage aux mélodies accrocheuses. Seul bémol à cette entreprise de réévaluation (en attendant leur live, " Must've Been Live ") : le dernier morceau, " Razzmanazz ", se résume à une longue suite de larsens susceptible de dégoûter même les fans du " Metal Machine Music " de Lou Reed. C'est peu dire !