Twisted Nerve est le label de Damon Cough, alias Badly Drawn Boy, et d'Andy Votel, DJ, graphiste et musicien. Les deux compères de Manchester se sont rencontrés en 97 lors d'une soirée, durant laquelle, après quelques bières, ils ont décidé d'unir leur talent et leurs efforts pour fonder un label. Aujourd'hui, Twisted Nerve est l'une de enseignes les plus affriolantes en matière d'electro-pop-rock lo-fi britannique. L'étiquette à rallonge prête à sourire ? Et pourtant, Twisted Nerve abrite la crème de l'underground anti-Oasis; cet esprit DIY qui faisait déjà les beaux jours de Manchester au début des années 80, quand Barney Sumner de New Order, en reliant par mégarde son séquenceur au charleston de son batteur, inventait en direct la première chanson de dance-music moderne, " Blue Monday "… Pour fêter sa trentième sortie, Twisted Nerve se fend ici d'une compilation, pour laquelle chaque artiste-maison propose un inédit, un remix ou une face B en guise de carte de visite. Cela va du post-rock à la Mogwai de DOT à l'electro-boogie de Mum & Dad, en passant par le folk désincarné d'Alfie et les ritournelles de poche de Dakota Oak. Cerise sur le gâteau : " Shake The Rollercoaster " de Badly Drawn Boy, un morceau du premier EP de Damon Cough, sorti à 500 exemplaires il y a quelques années et aujourd'hui coté en bourse. D'autres artistes bien barrés se partagent l'affiche, comme ce Sirconical qui reprend du Van Morrison (" Moondance ") en version électro cheap et ces Cherrytones, dont le morceau ressemble à du hip hop instrumental dépareillé qui n'aurait pas rougi sur le défunt label des Beastie Boys, Grand Royal. Un bémol à l'entreprise : beaucoup de morceaux sont très courts, et on sent la compile un peu trop vite torchée ; comme l'attestent l'inédit de BDB et quelques autres, qui sentent quand même fort le fond de tiroir… Dommage, sinon le reste est impeccable.