La reine du blues de Detroit, dans le Michigan, est de retour. Elle est une nouvelle fois accompagnée par l'excellent Johnnie Bassett et sa formation. Le style, c'est aussi celui de Bassett, un blues aux accents largement jazz, un swing jamais démenti.
La plage titulaire qui ouvre l'album en est la preuve éclatante. Alberta peut écrire des blues qui sonnent étrangement Chicago. Il est vrai que la Cité des vents n'est pas tellement loin. "No good man" est une perle. La voix est talonnée par le piano de Bill Heid, et Keith Kamanski sort un premier grand solo sur son sax! Le rythme s'accélère pour accomplir un extraordinaire "Don't worry me". La vieille Alberta a tant écumé les bars de Detroit, qu'elle en a hérité une voix ravagée, mais tellement lumineuse. Pour l'exercice du blues, elle récite, avec ses cordes vocales éraillées, ce "I want a man" ; et croyez-moi, elle le trouvera son homme! Dans l'exercice du slow blues, c'est la claque assurée lorsqu'elle vous tire les larmes des yeux sur "I cried my last tear". Bill Heid et Bassett sont bouleversants. Et si d'aventure, Miss Adams désire hausser le ton, elle se fait autoritaire. Un message reçu 5 sur 5, tout au long de "We ain't makin' honey". Un message de jazz bien véhiculé par le claviériste versatile, Bill Heid. Et sur "Sax man", il entraîne les saxophones de Keith et de Russ Miller, dans une véritable fête. Une fête qui se poursuit avec "Take me with you". Tout au long de ce superbe album, Bill Heid démontre toute l'étendue de son talent au piano. Son jeu fait régulièrement penser au sublime Otis Spann, la touche swing en plus. Cette œuvre propagande pour le bon blues se termine d'ailleurs dans le meilleur des cabarets, "Nothing more to say". C'est le cas de le dire!