"American III: Solitary man" ponctue (NDR: je suppose!) la trilogie entamée par "American recordings" en 1994, auquel avait succédé " Unchained " en 1996. Une trilogie dont le dénominateur commun n'est autre que le producteur. En l'occurrence Rick Rubin, mieux connu pour avoir collaboré avec les Beastie Boys et le Red Hot Chili Peppers. Et il faut vraiment reconnaître que Rick a réussi à replacer " L'homme en noir " à l'avant-plan de la scène musicale contemporaine. Ce qui est une fameuse performance lorsqu'on sait que, né le 26 février 1932, Johnny Cash n'est plus en très bonne santé. Si l'artiste a toujours exploré la face la plus ténébreuse de la nature humaine, il l'a souvent traitée en accompagnant sobrement sa voix profonde, sombre, riche et torturée d'une simple six cordes acoustiques. Une sèche grattée sans plus, mais dont la charge émotionnelle est capable d'ouvrir les portes de son âme. Et même ses reprises portent son empreinte férocement confessionnelle, profondément spirituelle. C'est encore le cas sur cet opus. A l'instar de " One " de U2, de " Solitary man " de Neil Diamond, d' " I see a darkness " de Will Oldham, avec lequel il partage le chant, et enfin du célèbre " Mercy seat " de Nick Cave, dont le récit du condamné à mort, juste avant qu'il ne soit exécuté sur la chaise électrique, prend ici une dimension tellement contemporaine. Pour enregistrer cette œuvre, Cash a quand même reçu le concours de quelques invités de marque. Will Oldham, bien sûr, mais également Sheryl Crow, Merle Haggard, Tom Petty, Benmont Tench et quelques autres. Ce qui n'empêche pas ses chansons de demeurer d'une bouleversante simplicité et d'une redoutable efficacité…