Né en 1951 à Inglewood, sur la Côte Ouest, William Clarke était un harmoniciste merveilleux, bouleversant ; peut-être même le plus doué de sa génération. Et pourtant, la concurrence était rude face à Rod Piazza, James Harman et autres. Tout comme Piazza, cet élève de l'école de George Smith pratiquait une fusion entre les styles de Chicago et de Los Angeles. Il s'était aussi forgé son style à l'écoute des saxophonistes et organistes de jazz. L'album était sorti sous la forme d'un vinyle en 1987. En Europe, sur Double. King Ace a eu la bonne initiative de le sortir en CD, enrichi de quatre inédits.
Cet elpee est tout à fait superbe. Les musiciens en présence sont tous de grosses pointures. Parmi les guitaristes on retrouve Hollywood Fats, Junior Watson, Ronnie Earl et Joel Foy. Rob Rio et Fred Kaplan se partagent les claviers. Will Brinlee et Bill Stuve, la basse. Et la liste est loin d'être exhaustive !
Junior Watson ouvre l'album par "Drinkin' beer", dans ce jump style qui lui colle si bien aux cordes. Une entrée en matière tout à fait exceptionnelle car le 1er décollage de William est le bon ; et l'harmonica explose dans des phrases élégantes. Le pied!! Bill s'attaque à l'admirable "Just a dream", de Big Bill Broonzy, dans le plus pur style Chicago. Le blues s'accélère avec "Take a walk with me". Hollywood Fats est aux cordes. Tout est parfaitement en place. William s'empare de son harmonica chromatique. Les lumières baissent. L'émotion s'empare du géant pour annoncer l'hommage à son maître, "Tribute to George Smith". Et pendant tout ce temps, Fats et Kaplan se régalent derrière leur instrument. Charlie Musselwhite pousse la porte du studio pour chanter son "Charlie's blues", avec à la clé et pour le plaisir des oreilles, un duo d'harmonicas de légende. Un autre grand se présente : Ronnie Earl. Il prête sa guitare à "Hot dog and a beer". Et le menu simple se transforme en festin. Ronnie est au sommet de son art. Il nous délivre un "smokin" en solo. Georges Smith en personne s'approche sur la pointe des pieds. Il souffle dans le registre qui n'appartient qu'à lui, et chante avec des larmes au bord des yeux. Les inédits sont situés en fin de CD. 4 compositions de Clarke : "Party Party", dans le pur jump style avec Hollywood Fats, le très Chicago "Got my brand on you", ainsi que "My dog don't bark" et "My wife got mad" avec Jr Watson. Ces plages ont été cédées par la veuve, Jeannette Clarke, car William nous a quitté le 2 novembre 1996, sur une table d'opération de Fresno. Cet album assez exceptionnel avait été nominé à l'époque, pour les WC Handy Awards. Je vous le conseille vivement!