Agé de 60 ans, ce New-yorkais passe aujourd’hui l’essentiel de son temps de ce côté de l’Atlantique. Son père, Léon, s’était forgé une certaine notoriété dans l’univers du folk, comme chanteur, et son oncle était le pianiste du Modern Jazz Quartet. Le blues écrit et chanté par Eric est très personnel, un style qu’il édulcore de folk, country, soul et gospel. Il a quitté les States, il y a plus de 40 ans. Pour s’établir en Europe. A Paris d’abord, où il rencontre le guitariste Mickey Baker. A Stockholm et Helsinki ensuite. Il est enfin reconnu par ses pairs en 1994, lorsqu’il publie l’elpee “Spirit and the blues”. Depuis, il est régulièrement nominé aux Blues Awards, pour ses productions.
Depuis le début de ce XXIème siècle, il aligne album sur album. Il est avant tout un musicien privilégiant la forme acoustique. Son folk blues est naturel, intimiste. Pour concocter ce long playing, il s’est imprégné de la riche culture louisianaise. Il s’est rendu au studio Cypress Hill, à Pont Breaux, capitale mondiale de l’écrevisse, au cœur du pays Cajun. Enfin, lors des sessions d’enregistrement, il a reçu le concours d’excellents collaborateurs.
Il ouvre la plaque par “Bayou Belle”, largement inspiré par la nature qui l’entoure. Il est soutenu par les voix et les violons de Dirk Powell et de Cedric Watson ainsi que de l’harmonica gémissant de Grant Dermody, venu spécialement de Seattle. “No further” véhicule énormément de sensibilité et de détresse à la fois. Le ton emprunté par l’harmo accentue la sensation de morosité. Faut dire que le climat de l’opus nous plonge dans le désespoir. La voix de Bibb est grave pendant que violon et harmo hantent cet univers blafard. L’arrangement dépouillé de “Boll weevil” nous ramène au blues originel d’avant la grande guerre. Un dialogue s’établit entre la voix, la mandoline et la musique à bouche. Jerry Douglas a ramené son dobro et distille ses notes métalliques tout au long d’“In my time”. Jerry est un musicien de studio. Il a participé à la confection de plus de 1 600 albums! Bibb s’applique pour adapter le “Every wind in the river” de Taj Mahal. Il est épaulé par deux invités. Des Canadiens. Michael Jerome Browne (auteur/compositeur/interprète notoire) à la mandoline et Michel Pepin, à la guitare. La bande à Bibb reprend aussi “Could be you, could be me”, un blues traditionnel issu de la plume d’Harrison Kennedy ainsi que l’incontournable “The times they are a changin’” de Bob Dylan.