Pas le temps de flâner sur le port, jazz à bâbord et à tribord. Avec un big band pour rythmer la cadence et un auteur au mieux de sa forme pour tenir le gouvernail, le paquebot-Nougaro démarre en trombe. Coup d'œil ironique sur la Jet set, regard nostalgique sur ces bas dénigrés par les femmes modernes (la chanson la plus percutante de l'album), couplet machiste sur " Cette salope " qui " Déménage de l'un à l'autre ". Chaque fois ou presque (" Anna " est un peu faible), le texte fait mouche et renforce le plaisir rythmique. Soudain, le paquebot-Nougaro arrête les machines. Le capitaine laisse voguer calmement son imagination et ses souvenirs. Un délice tant pour rendre hommage à " La langue du bois " (sur un martèlement très africain) que pour décrire un tableau de Renoir ou raconter ce temps où papa appelait maman " Mademoiselle ". Du grand art, réalisé à 71 ans avec la complicité d'Yvan Cassar, " Le Vivaldi de mes quatre saisons ", dit Nougaro. Mais pourquoi donc parler de son âge ? C'est le talent qui compte, pas le calendrier.