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Staedtizism Spécial

Écrit par Ian
&

Utiliser des mots pour parler d'un album aussi indescriptible relève quasiment d'une gageure, tant " Staedtizism " redéfinit les contours du dub. Réorganisée aléatoirement jusqu'à l'obtention de matériaux sonores incongrus, cette compile propose à la fois une vision du style en adéquation avec sa finalité initiale (écho, piano …l'attirail du dub jamaïcain) tout en étant dépourvue, par son traitement, des possibilités de reconnaissance auditive habituelle. A moins d'avoir l'habitude d'arpenter les contrées traversées par le minimaliste obsessionnel de Stefan Betke aka Pole ! Initiateur du projet, il a quand même réservé une place, sur cet opus, à une de ses compositions hypnotiques. On retrouve ses micro mélodies bourdonnantes et ses basses répétitives crépitantes qui, comme au bon vieux temps du reggae à papa, envahissent le thorax d'une curieuse sensation ambivalente : à la fois étouffement amniotique et jouissance auditive. Mais, signe des temps, les effets employés permettent à l'ensemble de jouir d'une cohérence dans la déconstruction. La volonté animant ces groupes est claire et l'ambition assumée : pervertir un genre en révisant ses fondations à coup de post rock et d'électronique teutonne et contemporaine dont les parrains restent évidemment Can et Kraftwerk. Du moins officiellement.

On trouve déjà les traces de cet état d'esprit en 1981, mais pas forcément là où on peut le croire. Suite au décès de Ian Curtis, légendaire leader de Joy Division, Jah Wobble (bassiste décadent de PIL), Jaki Liebezeit et Holger Czukay (Can) se réunissent en Angleterre afin de lui rendre hommage, et pondent quatre morceaux expressionnistes flirtant à la fois avec le dub jamaïquain et le krautrock jusqu'au-boutiste. J'imagine que peu de personnes connaissent cette perle noire intitulée " How much are they ? ". Tout au plus les spécialistes. Pourtant il faudrait la redécouvrir afin de se rendre compte combien elle présageait ce qu'il est advenu de notre modernité. Réellement possédés par le génie, ces trois musiciens auront sans doute été aussi importants que les punks en leur temps… sans en avoir la moindre conscience. La poésie urbaine se dégageant du maxi (pro)pose et élabore effectivement un point d'ancrage évident pour tous les défricheurs actuels, tant elle laissait présageait l'étendue des possibilités proposée par les nouvelles technologies naissantes ; et ce, bien avant le Blue Monday de New Order. Normal donc, que ce vinyl de furieux ne figure nulle par dans les livres d'histoire. Trop teigneux. Trop visionnaire. Trop black, au fond. Plus qu'une exploration de contrées mentales au moyen d'une syntaxe insoumise, c'est un manifeste de résistance désespéré pour que l'exploration sonore perdure au sein du rock du début de ces années 80 qui ne laissait présager rien de bon. La voix morbide, robotique de Liebezeit, se penchait sur le cadavre d'une new wave qui ne survivrait pas à la mort de son plus splendide prophète, parti en silence avant l'arrivée de moult ébouriffées gothiques jouant la carte d'une sophistication à outrance, des accords soyeux très éloignés des premiers jets minimalistes, tendus et flamboyants des divisions de la joie. Ca, peu de gens ont voulu l'entendre, car il proposait une vision trop véridique d'une époque, préférant encore s'agripper aux lambeaux des néo babas qu'aux visions hantées trop en phase avec une société malade.

Il aura donc fallu attendre une vingtaine d'années pour laisser certaines névroses se cautériser, et voir, juste retour de bâton, s'épanouir doucement quelques Allemands trentenaires courageux poursuivant avec talent une entreprise dont l'élaboration remonte à leur enfance. Tous redevables des travaux de leurs aînés, Trash Aesthetic, Thomas Fehlmann ou Kit Clayton font se côtoyer potards numériques et musique jamaïquaine, mais ajoutent néanmoins une dimension plus contemporaine en injectant rythmiques saccadées ou un éventail délicat d'allitérations extatiques particulièrement jouissives, dignes des meilleurs moments d'Autechre. L'atmosphère générale nous amène vers des horizons ensoleillés, où tout n'est que calme, luxe et volupté. On baigne alors dans une insondable mais revigorante plénitude éthylique. Bien sûr, mieux vaut pourtant posséder une oreille aiguisée afin de saisir l'étendue des émotions révélées seulement par instants, subrepticement, avant de s'évaporer au sein d'un fourmillement étourdissant d'orchestrations réverbérées.

 
 

D'abord hermétique, cette galette dévoile progressivement l'étendue de ses trésors. Elle demande une attention particulière, ne serait ce que parce qu'elle réécrit devant nous une page historique. Autant l'affirmer sans crainte, acheter un tel disque est presque un acte militant pour la défense de l'expérimentation électronique. D'une certaine qualité musicale, si vous préférez. D'évidence, je ne me soucie guère du sort qui lui sera réservé, à en juger par l'accueil triomphal réservé au label, lors du festival Sonar de Barcelone. Il y a énormément de chance que vous lui succombiez, vous aussi… et pour longtemps.

 

Informations supplémentaires

  • Band Name: Various Artists
  • Genre: Electro/Hip-Hop
  • Label Prod: Scape
  • Date: 2000-12-31
  • Rating: 0
Lu 396 fois
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