Nico Wayne Toussaint est originaire de Toulon. Sa passion, c’est le blues ; et son instrument de prédilection, l’harmonica. Il reconnaît pour influence majeure, le souffleur noir, James Cotton, harmoniciste qui militait autrefois au sein du Muddy Waters Band. A 20 ans, il se produit en compagnie de son père, pianiste, dans Vent du Sud. Quelque temps plus tard, il fonde son Nico and Friends. Son second prénom, Wayne, lui vient de son parrain qui vit à Minneapolis. C’est d’ailleurs au siège du comté de Hennepin, dans l'État du Minnesota, qu’il enregistre son premier opus, “C’est si bon”. Nous sommes alors en 1997. L’année suivante, il est signé par le label français Dixiefrog. Et “Lonely number” constitue déjà son 7ème elpee, gravé au sein de cette écurie. Les sessions se sont déroulées à Montréal, sous la houlette de Nick Estor, lequel se réserve également les baguettes. Le disque recèle une majorité de compos personnelle, mais également quelques inévitables reprises. Enfin, quelques invités sont venus prêter main forte à leur ami frenchie ; de quoi rehausser l’intérêt de ce long playing.
“Lonely number” s’ébroue sur un tempo indolent. Une plage qui n’est pas sans rappeler l’un des maîtres du blues des marais louisianais, Slim Harpo! Le rythme s’éveille pour attaquer le superbe “Hope she believes me”. Nico est très proche de son ami souffleur RJ Mischo. Il se montre très pro, soutenu par la prestation éblouissante de Mike Welch aux cordes. Pas le temps de souffler, et il c’est le moment du “Time to party”, un jump blues à la californienne au cours duquel les interventions de David Maxwell au piano, sont sublimes. Le souffle de Toussaint est pétri de classe et nous rappelle William Clarke. On n’a pas le temps de s’ennuyer sur cet opus. Imprimé sur un solide tempo, “Time to cut to loose” vire au R&B. On en a des fourmis dans les jambes. Une piste entretenue par le Batave Mister Boogie Woogie aux ivoires (NDR : alias Eric Jan Overbeek), dont les accords frôlent le délire, ainsi que le saxophone de Tommy Schneller. Guy Davis chante aux côtés de Nico le solennel “How long to heal”. Un delta blues majestueux et chargé d’émotion. “Where was I” et “My one last thing” sont des Chicago shuffles très entraînants. Nico souffle à la manière de Little Walter sur l’instrumental “Waltering in Montreal”. Invité prestigieux, Rod Piazza vient donner la réplique sur son harmonica chromatique au diatonique du Français, sur la cover du “My own medicine” de RJ Mischo. Mister Boogie Woogie est à nouveau au piano pour “High class in disguise”, une plage dynamisée par les rythmes syncopés de la Nouvelle Orléans. Et la suite est toujours d’aussi bonne facture. Nico souffle comme Sonny Boy Williamson 2 sur “ I love you through and through”. “Deep down in Florida” nous replonge dans une atmosphère digne de Muddy Waters ; JP Soars a empoigné la slide et Nico peut enfin souffler dans le même registre que son mentor, James Cotton. “She comes and go” nous propulse au sein d’un climat digne du géant Howlin’ Wolf ! L’elpee s’achève par le bouleversant et dépouillé “Dealing with the devil”, une compo signée Sonny Boy Williamson 1. Du blues cinq étoiles. Sans aucun doute, le meilleur album commis par Nico Wayne Toussaint, à ce jour…