Matt Elliott est le fondateur du projet électro-folk The Third Eye Foundation ; mais depuis 2003, il épure également son folk en publiant des disques sous son propre nom. Vu sa voix grave, ses arpèges de gratte particulièrement aride et la longueur de ses morceaux, on pourrait le prendre pour un Leonard Cohen neurasthénique (NDR : et c’est d’ailleurs flagrant sur le meilleur titre du lot : « Dust Flesh and Bones »). « The Broken Man » est judicieusement baptisé. Ce n’est cependant pas une surprise, car le climat qui y règne est toujours aussi ténébreux. Ne comptez d’ailleurs pas sur Matt Elliott pour vous remonter le moral. Faut dire que la production de clinique de Yann Tiersen renforce cette impression. D’une rare austérité, hormis la présence d’une guitare andalouse sur « This is For », les longues plages psalmodiées trempent dans un dark-folk balayé de cordes, de chœurs, d’accords de piano et de cloches ; un climat propice à la damnation des âmes… Un bel opus, mais chargé d’une profonde tristesse. Brrrr… Comme l’artiste anglais le dit si bien sur « Dust Flesh and Bones » : ‘This is how it feels to be alone, just like we’ll die alone…’