Pour enregistrer leur troisième opus, la bande à Boris Gronemberger a bénéficié de la mise en forme de John McEntire (Tortoise, The Sea & Cake), travail qu’il a opéré au sein des célèbres studios Soma de Chicago. Un elpee qui recèle trois titres chantés dans la langue de Molière : le minimaliste « L’exode », l’angoissant « L’orage et le vent », une compo signée Aurélie Muller, et l’étrange « Dans la pénombre », une plage qui aurait peut-être pu figurer au répertoire de Dominique A.
Mais venons-en à l’ensemble de l’œuvre. D’abord, oui, on y ressent très fort la patte de McEntire. Et surtout ses influences originelles. Qu’il puisait à ses débuts dans la Canterbury School. Pensez à Robert Wyatt, Caravan, mais surtout Hatfield & The North. Prog alors ? Oui mai une prog pop subtilement teintée de jazz. N’empêche on y retrouve ces harmonies vocales limpides si caractéristiques, ces cuivres éthérés et cette complexité instrumentale. Pour info, c’est un sextet qui a bossé sur toutes les compos. Et franchement, dans ce style il excelle. On est même très proche du concept album, même si de multiples nuances colorent chaque plage. Le plus bel exemple ? « Giant steps in the plains », dont les pulsations rythmiques krautrock (Can ?) contrastent avec les arrangements orchestraux. Ou encore le faux lent et mélancolique « A safer place ». Un bien bel album, mais malheureusement trop cérébral pour son époque…