On aurait pu être tenté, voici quelques années, de taxer Pearl Jam de groupe opportuniste. Profitant, il est vrai, du succès commercial de Nirvana, les mauvaises langues ont même présagé la disparition de cette formation avec la mort du mouvement grunge. Or, en 1998, ce quintette vient de réaliser son cinquième album, " Yield ". Toujours produit par Brian O’ Brian, il est à la hauteur de ses prédécesseurs. Il faut croire que Pearl Jam a quelque chose en plus. Comme si une âme habitait sa musique, et lui permettait de produire une émotion d’un degré exponentiel que peu d’artistes parviennent à atteindre. " Yield " traduit encore cette impression. Traversant tour à tour les galaxies de feu Jeff Buckley, des Pixies (mais oui !), de Live (évidemment…), de Neil Young et même d’un REM au faîte de sa hargne, clôturant même l’œuvre par les sulfureux " Pull me push me " et " All those yesterday ", deux compositions fort proches du style pratiqué par (st)Eels. Paraît que sur scène, ils sont encore plus éblouissants. Nous n’en doutons pas. Mais nous ne demandons qu’à voir. Alors croisons les doigts pour qu’ils soient à l’affiche des prochains festivals estivaux…