Ce premier album des Baldwin Brothers est avant tout une compilation de styles et de featurings ; il ravira les indécis par ses univers funk-jazz côtoyant tantôt des beats électro-house, tantôt des atmosphères soul-lounge. A aucun moment, l’album ne semble prendre parti ; « Right On » convoque les vocalises d’un Barry White sur des synthés groovy improbablement teintés drum’n’bass ; « Just Me » fait dans l’électro-lounge tandis que « A Matter of Time » est un morceau hip hop traversé par les vocalises rap de Sarai. « When My Brother Had A Datsun » convoque à grand fracas l’esprit Gorillaz, dans un featuring avec le rap de Julio Davi. « Leave the past behind » plonge dans une soul old-school rafraîchie par la voix charmante de Lisa Kekaula (BellRays et Basement Jaxx). « Air Is Invisible » apporte à l’album sa touche multiculturelle, en jouant la métamorphose d’une intro de percussions africaines en rythmes house entrecoupés de sonorités indiennes. « After school special » s’annonce très jazz puis plonge sans transition dans des nappes électro minimales et des synthés 70’s. Cet album à l’humeur versatile s’achève par l’inattendue participation de Mark Lanegan en de sombres vocalises à la Leonard Cohen posées sur cuivres mélancoliques. En somme, Return of the Golden Rhodes convoque une myriade d'univers que l’on voudrait voir se resserrer autour d’un consensus au caractère plus trempé. Certes, les morceaux, pris séparément, ne manquent pas de punch, ni leur enchaînement de fluidité ; mais leur côté tout-azimut fait perdre à l’album la consistance et la crédibilité, absente le plus souvent de l’esprit ‘compilation’. Une singularité traverse ce patchwork : « Le retour des Rhodes d’or », comme annoncé, met à l’honneur les sonorités d’un orgue Rhodes ; mais lorsque le piano électronique remplace la guitare pour se délayer ensuite dans l’ambiance 70’s, guette l’anachronisme. « The Return of the Golden Rhodes » séduit surtout par ses airs groovy, acheminant un album frais mais dispensable, taillé sur mesure pour les curieux et indulgents amateurs d’easy-listening.
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