Les Cranberries ont mauvaise presse aux Iles Britanniques. Motif: le comportement arrogant et capricieux de sa chanteuse, Dolores O' Rioardan. Catholique irlandaise, ses prises de position radicales, extrémistes dans le domaine de la religion et de la politique ne font rien pour arranger les choses. Résultat des courses, le moindre concert, le moindre disque est littéralement descendu en flammes outre-Manche. Et les rares interviews qu'elle accorde sont plutôt musclées; se terminant souvent assez mal... C'est donc en essayant de faire abstraction de ces préjugés défavorables que nous avons écouté le nouvel opus du quartette de Limerick. Première constatation, s'il ne recèle pas de hit de la trempe de "Zombie", il manifeste une qualité nettement supérieure. Difficile d'ailleurs de faire pire que "No need to argue". Le folk gallique se dilue ici parfaitement dans une texture mélodique douloureuse, fragile, mais également dévastatrice. Et si les chansons soupirent encore avec mélancolie rêveuse, c'est pour mieux célébrer la rencontre entre le vocal puéril, gémissant de Dolores, dont le timbre campe toujours un hybride entre celui de Sinead O' Connor et celui de Björk, et l'intensité électrique, sauvage, croustillante de l'instrumentation...