Artiste intemporel par excellence, vierge de toute prostitution dans le créneau dit "commercial", Peter Hammill nous propose un nouvel épisode de ses aventures dans la musique progressive. Le vingt-quatrième ou le vingt-cinquième, nous ne savons plus très bien. Mais le plus remarquable, c'est qu'à l'aube de ses trente années de carrière, il parvient encore à explorer de nouveaux horizons sonores... Nous connaissions sa maîtrise de l'overdubbing dans le domaine des harmonies vocales. Elles ont toujours permis à Peter d'utiliser toute l'étendue de son registre et ainsi de multiplier les voix à l'infini. Souvent la sienne. Il vient de pousser le bouchon un peu plus loin. En intro de cet opus. Sur la version a capella de "A better time". Un travail d'orfèvre qui se mue en mouvement pour polyphonie vocale. Des chœurs qu'il met au service de sa propre voix. Deuxième type d'expérimentation, la collaboration d'un quatuor à cordes. Pas nouveau, vous nous rétorquerez. Exact! Mais si en final il affronte cet orchestre uniquement de son chant, d'une manière pure, tendre, romantique; à plusieurs reprises, il s'en sert pour enrichir la texture de sa musique. Et dans ce domaine, il a pu compter sur le précieux concours de son violoniste, Stuart Gordon. Et puis de l'ex VDGG, Dave Jackson. C'est vrai qu'en studio, Peter a toujours pu compter sur son vieux pote. Mais pour la première fois depuis bien longtemps, Dave apporte une collaboration beaucoup plus active aux cuivres. Notamment sur ce "Narcissus (bar & grill)". Le point d'orgue du CD. Titre hypnotique, obsessionnel, envoûtant, fondamentalement underground, qui aurait tout aussi bien pu figurer sur le célèbre "Pawn Hearts" de Van der Graaf Generator. Maintenant, ne vous attendez pas non plus à un album exclusivement expérimental. Peter y réserve également une part importante d'émotion. Et ses interventions vibrantes, intenses, au piano, conjuguées à son timbre vocal fragile, profond, déchirant n'y sont bien sûr pas étrangers...