Qui ne connaît pas Blonde Redhead ? Qui n’a pas vécu sur terre ces 10 dernières années ? Que vous ayez accroché au groupe ou fredonné un de leurs airs, ce trio a dû passer à un moment ou à un autre par votre vie. Dans la négative, il est grand temps d’y remédier. Habitués aux mélodies puisées dans l’intimité, les New-yorkais ont décidé d’adopter un son plus ‘abordable’ par la communauté ‘tout public’. Passant du label Touch & Go Records (Butthole Surfers, Calexico, CocoRosie,…) à 4AD (Pixies, Beirut, TV On The Radio,…), ils y préservent leur talent. La guitare et la batterie des frères Pace subliment, comme à leur habitude, les cordes et la voix de Kazu Makino (toujours aussi charmante qu’à ses débuts). Amadeo Pace, la rejoint souvent afin d’exprimer, lui aussi, au travers d’une grille de micro, toute la douceur de son timbre suave. On est certes loin de l’époque de « In an Expression of the Inexpressible » –4ème opus du groupe– où l’évasion complète dominait l’atmosphère souvent étrange du groupe. Mais dès les premières notes de « 23 », on se sent en terrain connu. Le cachet n’a pas changé de couleur, les écritures ne se sont pas délavées, juste un peu transformées. On viendrait à regretter un tantinet l’envie d’expérience qui exaltait les précédents albums ; mais justement, après tant de recherches, tant de chemins parcourus n’ont-ils pas eu envie d’accrocher au mur un tableau plus accessible ? Ou peut-être est-ce là, à contrario des expériences musicales actuelles, un bond vers l’avenir. Les puristes seront peut-être un peu déçus, les autres certainement ravis. Un album bien à sa place, très juste et entraînant.