Muse est de retour ! Près de trois années se sont écoulées depuis la sortie de « The Resistance » et son flot de critiques… pro ou anti… Muse.
Il est vrai qu’une certaine rupture s’est produite entre ce que le groupe pratiquait une décennie plus tôt et ce qu’il dispense depuis trois ans. « Showbiz » et « Origine of Symmetry » proposait, fin des nineties, une musique puissante, novatrice et fougueuse. Après avoir commis une œuvre de transition intitulée « Absolution », opus qui révélait déjà deux faces bien distinctes de l’écriture de Matt Bellamy, l’une pop, l’autre plutôt symphonique, Muse publie « Black Holes and Revelation », une collection de hits monumentaux renouant quelque peu avec le passé mais laissant clairement apparaître un côté résolument commercial. La pêche au gros est ouverte ! Grâce à cet album des plus médiatisés, le trio opère son entrée sur les ondes radiophoniques ‘grand public’, envahit les plateaux TV et truste les récompenses.
Déjà, à cette période, des voix s’élèvent contre ce qu’ils considèrent comme une trahison musicale !
« The Resistance » ne fait qu’accentuer cette fracture. Les uns jetant aux orties ce qu’ils ont adoré dix ans plus tôt, les autres reconnaissant un talent certain à Bellamy et louant sa capacité à ratisser large. Le constat est clair, Muse est devenu un mutant. Mais non, on ne nage pas en pleine science fiction !!! Ben oui, le groupe évolue et se permet de déplaire. D’ailleurs, il s’en fout éperdument du ‘qu’en dira-t-on ?’. Bellamy et ses potes ont une ligne de conduite bien définie, et tant pis pour celles et ceux qui décident de quitter le navire. D’autant plus que d’autres l’ont rejoint et leur nombre ne fait que croître, serait-on tenté de dire. Finis les disques pour les amateurs purs et durs de leur pop/rock de la première heure et bonjour aux nouveaux fans qui s’abreuvent de hits monstrueux, estimant les envolées symphoniques du band géniales. Perso, j’ai pas quitté le bateau et j’avoue sans honte que cette métamorphose me plaît. Muse semble avoir embrassé la démarche adoptée par Queen, il y a une trentaine d’années. Suffit d’écouter « Madness » ou « Panic Station » pour s’en convaincre. Si vous avez la mémoire courte, souvenez-vous que Freddy et ses acolytes ont également été la risée des pseudo-spécialistes à l’époque de « Radio Gaga » et autres tubes de l’espèce, alors que l’on (sur)nageait en pleine tourmente disco. Quelques années après sa mort, le talent du brave Mercury a été reconnu tout comme ses facultés d’adaptation.
Muse a emprunté le même chemin. Le parallèle est frappant ; et pourtant le critiques émanant de gens qui, pour la plupart, n’ont jamais été capables de lire et encore moins d’écrire une seule note de musique, pleuvent à nouveau… Moi non plus, ok ; mais je ne me permettrai jamais de porter un jugement négatif sur ce que je ne maîtrise pas… (NDLR : Luc, bravo pour la détermination de ton message, mais dis-toi bien que sans Radiohead, il n’y aurait jamais eu de Muse).
« The 2nd Law » est la suite logique de “The Resistance”. Outre les plages qui séduisent instantanément ou vous donnent l’envie de remuer (« Supremacy », « Follow Me », « Big Freeze »), on retrouve inévitablement des envolées lyriques, mais aussi des morceaux plus ‘soft’ que ceux commis par la formation insulaire, il y a une douzaine d’années. Muse est devenu un groupe qui a succombé au concept commercial, qui rassemble les foules, fait l’évènement (l’hymne officiel des J.O.) et se drape dans le gigantisme et la grandiloquence.
Pour les aficionados (dont je fais partie, j’ai aimé et j’aime encore), « The 2nd Law » est un très bon disque. A la première écoute, on n’entre pas immédiatement dans l’album. La digestion prend plusieurs écoutes et plusieurs jours, voire semaines. Sans cesse renouvelé mais toujours surprenant, le son Muse continue de se démarquer de la plupart des formations actuelles qui se contentent du traditionnel refrain-couplets pour amadouer l’auditeur. Muse va plus loin, ose et surprend toujours. A certains médias spécialistes de la presse écrite, je dirai simplement que si n’importe quel autre groupe avait concocté cet album on aurait crié au génie ; mais puisque c’est de Muse qu’il s’agit, une certaine presse manifeste un snobisme musical puant pour les clouer au pilori. Quelle élégance !
Car finalement, « The Second Law » ne navigue pas si loin des origines du band ; la preuve par « Survival », qui aurait pu facilement figurer sur « Origine of Symmetry ».
Un album détonnant et parfois épique. Une grande cuvée !