Après avoir commis un elpee consacré à des traditionnels américains (« Americana »), Neil Young et son illustre Crazy Horse ont donc décidé de graver une œuvre bien électrique. Le Loner et le trio Talbot/Molina/Sampedro nous ont même réservé un double elpee. Huit titres pour près de 90 minutes ! Et pour les fans du Canadien, c’est exactement l’album qu’ils attendent depuis longtemps. Oh, tout n’est pas parfait, mais on a droit à une bonne dose de grattes rugissantes, crépitantes, déchiquetées, expansives ; déchirées par la voix gémissante de Neil et soutenues par des chœurs hymniques. Classique ! Mais prenons un peu la peine d’analyser cette œuvre.
Elle s’ouvre par « Driftin’ back », une piste de 27’ qui s’ouvre par un léger grattage acoustique, avant de se lancer dans une jam électrique sinueuse et un peu gratuite. Le genre de compo qui ferait un malheur sur les planches. Sur disque, ça fait un peu bois de rallonge… « Ramada Inn » dure 16’50. Chargée de feeling, c’est une des meilleures plages de l’elpee. Quant aux lyrics, ils traitent de la vie commune qu’il partage avec son épouse, Peg. De leur amour. Des bons et moins bons moments rencontrés dans leur couple. Du refuge qu’ils ont parfois cherché dans la boisson, pour surmonter les difficultés de l’existence. Le troisième plus long morceau s’étale sur 16’20. Empreint de nostalgie, il s’intitule « Walk like a giant ». En fait, il revient sur le rêve hippie. Cette génération ‘Woodstock’ qui allait sauver le monde. Mais dont l’objectif n’a jamais été atteint. Une plage épique caractérisée par des sifflotements guillerets et surtout contagieux. A tel point qu’au bout de quelques minutes on se met instinctivement à siffloter avec lui. Le titre maître bénéficie de deux versions. Particulièrement soumise à la distorsion, la première me fait penser à Hawkwind. Mais en plus light. La seconde figure en morceau caché. Plus percutante, elle lorgne quelque part vers « Cinnnamon girl ». Sur « Twisted road », Neil nous parle encore de son passé. De Dylan, du Band et de Grateful Dead. Ses idoles. Passé qu’il évoque également sur « Born in Ontario », compo americana au cours de laquelle, il nous réserve un arrangement d’orgue dont il a le secret. Ballade sentimentale semi-acoustique, « For the love of man » est dédié à son fils handicapé. Et sur cet opus, figure un titre absolument remarquable, « She’s always dacing ». Le tempo est offensif. La mélodie irrésistible. Les chœurs magiques. Les ‘six cordes’ croisent le fer. Certains médias l’ont déjà comparé à « Like a hurricane ». Votre serviteur pense plutôt à l’album « Everybody knows this is nowhere », et à « Cowgirl in the sand », en particulier. Une chose est sûre, en écoutant cette compo, on ferme les yeux, et des frissons vous traversent l’âme…