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Zara Larsson 25-02-2024
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Dislocation blues Spécial

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Chris Whitley est décédé en novembre 2005, suite à un cancer des voies respiratoires. Il n'avait alors que 45 ans et laisse pour veuve, Hélène Gevaert. Une Belge ! Issu de Houston, ce chanteur/compositeur/guitariste reconnaissait une multitude d’influences musicales, et en particulier le country blues, le blues rock et le rock alternatif. Ce Texan a laissé pour héritage douze albums, dont le premier "Living with the law", était paru en 1991. Sa spécialité ? Réussir des mélanges improbables. Il était ainsi capable de rapprocher Muddy Waters et Howlin' Wolf de Kraftwerk ou encore Elmore James de Kurt Cobain. Jeff Lang est également  chanteur, guitariste et compositeur. De nationalité australienne, il s’intéresse davantage à la musique folk. C’est également un fervent admirateur du blues original de Blind Willie Johnson et de Skip James, mais aussi de Bob Dylan, Richard Thompson et Ry Cooder. Il compte, à son actif, une bonne douzaine d'albums. Les deux hommes devaient se rencontrer et, lors d'une tournée accomplie par Whitley en Australie, au début 2005, ils enregistrent cet album, peu de temps avant la disparition de Chris. Le duo se partage les compositions, le chant et les guitares tout au long d’une œuvre qu'on pourrait qualifier d'électro blues-rock. Une musique roots mêlant savamment et délicatement instruments acoustiques et électriques. Une musique audacieuse quoique empreinte d’une grande pureté et d’une grande simplicité. Les reprises exécutées par le duo sont très personnelles, tant les deux artistes s’approprient les compos qu’ils interprètent.

L’opus s’ouvre par "Stagger Lee", un blues traditionnel de plus de sept minutes. Une incursion dans le monde de l'étrange. La voix de Chris est profonde, mystérieuse, poignante. Les guitares accentuent ce climat qui donne froid dans le dos. Constituée de Grant Cummerford à la basse et d’Ashley Davies à la batterie, la section rythmique est impeccable et créative. "Twelve thousand miles" est incontestablement la plage la plus blues. Jeff Lang chante d'une voix plus sereine, presque féminine. Il est assis sur un siège et tient sur ses genoux une lap steel, dont il tire des sons métallique. La plage est superbe. L’elpee recèle deux covers de Dylan méconnues : "When I paint my masterpiece" et "Changing of the guard". Le timbre de Chris est stupéfiant. Il est rejoint par celui plus frêle et surtout sensible de Lang. "Forever in my life" relève du répertoire de Prince. La sonorité de la lap steel transforme ce fragment en trip psychédélique. Dans le domaine de l’écriture, le sublime est atteint par "Rocket house". La voix intimiste, lugubre et énigmatique de Chris pose le décor sonore. Jeff le rejoint pour un duo acoustique. A cet instant, la complexité des deux guitares National carillonne à nos oreilles… Cette voix semble parfois sortir d'outre-tombe. Elle hante l'ensemble de cet opus. L'homme semble au bord du désespoir. Il ne fait aucun doute qu’il souffrait déjà dans sa chair. L’elpee est susceptible de nous surprendre à tout instant. A l’instar de ce "Dislocation blues", caractérisé par cet accompagnement minimaliste et répétitif, comme s’il émanait d’un continent lointain. Jeff gratte son chumbush, un banjo à douze cordes importé de Turquie, pendant que les percussions hypnotiques d'Ashley Davies donnent le change. Chris a écrit la meilleure compo de la plaque : "Velocity girl".  L'inventivité et la créativité s’y rejoignent. Une plage aventureuse au cours de laquelle les parties de cordes torturées de Jeff Lang relèvent de la pure magie. L'Australien est bien un musicien extraordinaire. Jeff renvoie l'ascenseur en se montrant également avide d’expérience. Il chante "Underground" soutenu par les deux guitares National amplifiées, responsables de sonorités distordues et tourmentées. Pour notre plus grand plaisir, l’elpee recèle un bonus track. Une plage cachée, si vous préférez. En l’occurrence leur vision (version ?) du classique "Hellhound on my trail" (de Robert Johnson pardi !) mêlé à "Kick the stones". Un album curieux, difficile, mais d'une richesse insoupçonnée et exceptionnelle. Quel dommage que l’un des deux acteurs soit disparu!

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