Keith Emerson a toujours essayé de réaliser la fusion entre musique rock et symphonique. Déjà chez Nice, il s’était frotté à un grand orchestre pour enregistrer « Five bridges », sans oublier ses multiples adaptations de compositeurs ‘classiques’ (Tchaïkovski, Sibelius, Mozart, etc.) Malheureusement, on ne peut pas dire que ses expérimentations aient été de grandes réussites. Son succès (NDR : planétaire, il faut le rappeler), il l’obtiendra en compagnie de Greg Lake et de Carl Palmer. Après un premier elpee éponyme plus que prometteur, le trio va graver un album considéré encore aujourd’hui comme culte : « Tarkus ». Et incarner un des fers de lance de la musique progressive. Mais ce succès va virer à la démesure, notamment lors des tournées, la formation déplaçant un matos colossal et utilisant un personnel pléthorique pour alimenter des spectacles grandiloquents. ELP est d’ailleurs, sans doute, un des principaux responsables de la décadence du mouvement prog. Provoquant alors la réaction des rockers purs et durs, et la naissance du punk.
Emerson est un virtuose. Formidable showman à ses débuts, il a aussi popularisé l’utilisation du moog. Il a également signé plusieurs musiques de film. Et continue de s’investir dans de multiples projets. Dont ce dernier impliquant notamment le guitariste Mark Bonilla, le bassiste Travis Davis et le drummer Troy Luccketta. Sans oublier le chef d’orchestre Terje Millelsen et le Münchner Rundfunkorchester. Bref, Keith tente une nouvelle incursion dans le symphonique. Pour des anciennes compos d’ELP, de nouvelles (dont deux signées Bonilla) et quelques morceaux classiques. Mais le résultat fait pâle figure. Sans la voix de Lake (NDR : et même sans voix tout court !) la version de « Tarkus » est soporifique ; et les « The endless enigma suite » ainsi que « Fanfare for the common man » me rappellent le type de fond sonore diffusé dans les supermarchés, il y a une trentaine d’années…