La nuit passe à vive allure, imprimant ça et là des images électriques sur la rétine bitumée d’une longue route se perdant au loin dans une obscurité d’encre. Cette même encre qui coule encore de veines illusions, de vaisseaux fracassés, d’artères estropiées.
Puis vient le jour, qui s’élargit en ondes sonores tout autour du silence.
Le soleil, implacablement situé à l’exacte horizontale de nos chefs découverts, brûle la pellicule de nos rêves abandonnés, éparpillés, décimés.
L’album concept se décline en deux volets.
Le désastre suit l’Amour, qui lui-même fait écho au désastre auquel Prairie semble avoir survécu.
Quelques bribes de monologue transparaissent dans la brume asséchée d’un matin calme (« Red To drive Me », « Black Snow »), comme issues d’un rêve cathodique, les sens encore engourdis par une nuit terrifiante.
« I’m So In Love… » est d’une noirceur confondante. A cause de ses transgressions bruitistes à glacer les sens, ses incursions dans le monde de l’angoisse, sa palette de couleurs oscillant entre l’outrageusement vif comme le sang et la livide teinte du pire cauchemar.
Les différentes influences cinématographiques ne manquent pas, littéraires et picturales aussi.
Musicalement, c’est du côté de The Third Eye Foundation que l’on peut toujours lorgner à la recherche de quelconques points de repères.
Mais de repères, en vérité, il n’y a pas. Pas plus que dans les songes hantés qui s’achèvent à l’orée de toute réalité.
Un must pour tous ceux qui adorent se faire Lyncher…