Perdu quelque part au milieu de la péninsule hellénistique, j’errais de bar en bar. Nous étions au début des années 70. Non, plutôt la fin des sixties. Je ne sais plus. Ce dont je me souviens, c’était ce club où se produisaient pléthore de groupes issus de la scène locale. Il y avait The Persons (j’étais tombé amoureux de leur son dès que j’avais entendu « Drive My Mustang »), les Aphrodite’s Child et bien sûr The Scantharies, qui à eux seuls résumaient l’essence du Garage Rock made in Greece.
Des instrumentaux non balisés qui ondoyaient entre Surf et bande son de western spaghetti, le tout teinté de l’héritage traditionnel.
Les guitares Fender qui s’accouplaient à des pédales Fuzz et forniquaient là, à même la scène, bestialement ou élégamment, comme agitées d’un désir unique de rébellion ou encore le souffle court des claviers vintage enivrés par des rythmes étrangement chaloupés (The Whispering Sound »).
The Scantharies était le résultat improbable des fiançailles entre le diable et une quelconque déesse de la Grèce antique.
En fait, The Scantharies est une fiction née dans l’esprit d’Anglo Greek (musicien au pedigree modeste) et du producteur Andy Dragazis (Blue States).
Le résultat est entraînant, décalé, bien qu’assez anecdotique.
Cette synthèse d’un certain son hellénique ayant serpenté en catimini, de la fin des années soixante jusqu’au crépuscule tardif des seventies, a le mérite de mettre en lumière un aspect culturel assez méconnu du sud des Balkans.
Sorte d’hybride entre B.O. de séries TV (de Bonanza à Amicalement vôtre) et un Surf Garage rétro futuriste, cet opus éponyme apporte son lot de plaisir direct et c’est bien là tout ce qu’on lui demande.
Dans l’hypothèse d’un éventuel engouement de masse, Dragazis a quand même pris la peine de réunir quelques jeunes musiciens locaux pour donner corps à ce groupe imaginaire.
Comme le souligne fort justement la bio, juste au cas où l’Art viendrait à imiter l’Art…