La proportion de guitaristes au mètre carré est si importante au Texas qu’un tri minutieux s’impose bien souvent. Sans doute une des raisons pour lesquelles ce second album studio de Hamilton Loomis, paru en 2003, nous arrive seulement.
Première bonne surprise chez ce talentueux guitariste : on ne se trouve pas face un énième clone du regretté Stevie Ray Vaughan. Son timbre chaleureux et son jeu tranchant mais jamais démonstratif l’imposent d’emblée comme un excellent représentant de la scène blues-rock. Efficace dans le blues carré –voir l’excellent « Workin’ Real Hard »– il n’hésite pas à sortir du cliché des douze mesures, osant même coller quelques sons de batteries aux rythmes plus contemporains de part et d’autre de ses morceaux les plus funky, à l’image du final de « Get My Blues On » ou des breaks de « 99 Miles » (où l’homme fait également preuve de ses talents d’harmoniciste). « Take A Number », caractérisé par son riff ‘jamesbrownien’, est enrichi d’un solo jazzy de toute beauté, tandis que l’irrésistible « Just Your Fool » mêle efficacement intro acoustique et slide électrique. Les morceaux les plus atmosphériques (« No No No », « Better Man ») passent somme toute plutôt bien la rampe, et le délirant « Who Dat ? », qui clôture cet elpee, constituent finalement la meilleur définition de ce disque : un joyeux patchwork où s’entrechoquent rythmes funk, harmonica, wah wah et guitares acoustiques. Les puristes n’apprécieront peut-être que modérément mais ce serait de la mauvaise foi de nier le grand talent de ce musicien dont l’immense mérite est de ne jamais céder à la tentation de la démonstration instrumentale. Une qualité assez rare pour être signalée.