Il est des artistes dont la propension précoce au talent est tout bonnement horripilante. Ce Willy Mason par exemple ; après un acclamé « Where the Humans Eat » paru en 2004, l’animal trouve le moyen de livrer ce somptueux « When The Ocean Gets Rough » entre une collaboration au dernier Chemical Brothers et des tournées opérées en compagnie de KT Tunstall ou Radiohead. Affichant à peine vingt-deux ans au compteur, ce chanteur/songwriter trace un beau sentier sur les routes du folk en concoctant cette galette d’une justesse et d’une maturité épatantes.
Portées par une voix au timbre surprenant pour un artiste aussi jeune, ces onze compositions, enregistrées dans la bonne humeur au sein d’un studio du Massachusetts (en compagnie notamment de Rosanne Cash, illustre fille du Man In Black), constituent un enchaînement de perles de toute beauté. Evitant les clichés éculés des influences country ringardes ou du folk soporifique, Willy Mason privilégie un songwriting affûté servi par une orchestration discrète mais essentielle, tout en nuances et où l’électricité ne se montre jamais envahissante.
De l’intro subtile de « Gotta Keep Walking » au majestueux crescendo final de « When The Leaves Have Fallen », en passant par le splendide « Riptide », « When The Ocean Gets Rough » est une oeuvre d’une alchimie parfaite, servie par une production soignée sans être outrageusement polie. De la très belle musique.