Même en restant très ouvert musicalement et sensible à l’expérimentation musicale, il faut un seuil de résistance sacrément élevé pour se familiariser avec le premier elpee des Belges de SH.TG.N (on prononce Shotgun). Certes, ce n’est pas la première fois qu’un album mêle metal extrême et free jazz. Dès les premières notes, on pense d’ailleurs à Mr Bungle, dont ils partagent visiblement les influences, John Zorn en tête. Seulement voilà : là où le talent incommensurable de Mike Patton aide grandement à avaler la pilule chez Mr Bungle, il n’y a pas de bouée de sauvetage à laquelle se raccrocher chez SH.T.GN, et certainement pas dans les lignes vocales, bâclées et sans grand intérêt.
Jusqu’au-boutiste dans sa démarche, fonctionnant en roue libre, on a souvent l’impression que quelqu’un a appuyé sur ‘record’ au hasard et que le groupe se laisse aller à une série d’improvisations sans queue ni tête. On assiste donc à une jam session entre musiciens certes forts doués, mais qui ne se tracassent pas vraiment des mélomanes censés les écouter. Une oreille non initiée s’en lassera au bout de quelques minutes ; par contre, ceux qui sont plus familiers des univers bruitistes et expérimentaux extrêmes, noise et free jazz, devraient y trouver un intérêt plus conséquent, même si parfois le résultat s’avère quelque peu brouillon et éparpillé. Je ne doute pas que ce côté déstructuré appartienne à la démarche du groupe, mais difficile de décrire leur expression sonore, quand on est plutôt en présence d’un instantané de la formation. Intéressant, mais pas déterminant.