Depuis plus de 10 ans, le Canada, et en particulier Montréal, est une source intarissable d’artistes novateurs. C’est d’ailleurs devenu le nouveau centre de gravité de la musique dite indépendante. Et chaque fois qu’un nouvel album débarque sur le Vieux Continent, on sait qu’on peut quasiment se le procurer, les yeux fermés. Et les oreilles grandes ouvertes. Car on sait que si surprise il y a, elle sera bonne…
No Joy nous vient donc de la métropole du Québec. « Wait to pleasure » constitue son deuxième album. Il fait suite à « Ghost Blonde », paru en 2010. La grande différence entre ses deux opus procède des conditions d’enregistrement. Davantage ‘DIY’, le premier elpee paraissait clairement plus brouillon.
Pour concocter ce nouvel opus, Jasamine White-Gluz (chant, guitare), Laura lLoyd (chant, guitare) et Garland Hastings (batterie) ont décidé d’accorder un plus grand soin à la mise en forme. Cependant, ne vous attendez pas à un lissage de leur expression sonore. No Joy pratique un rock à coloration shoegaze dans l’esprit de My Bloody Valentine. Aériennes, éthérées, les harmonies vocales féminines évoquent instantanément le groupe irlandais. Cependant, No Joy ne se contente pas de marcher sur les traces de MBV. Si la musique est puissante et la tension bien palpable, les climats sont variables, en fonction des plages. Certaines sont mélodieuses, comme sur « Hare Tarot Lies ». D’autres plus sauvages, à l’instar de « E ».
Bref, écouter « Wait to Pleasure », c’est un peu comme se taper un trip après avoir sniffé un flacon d’éther. Voguant très haut dans la stratosphère, le cerveau se paye quelques chutes vertigineuses, mais se sauve chaque fois, in extremis, pour recommencer un nouveau voyage en apesanteur…