Impliqué malgré lui dans le mouvement no wave, bruitiste avant l’heure, ce groupe avant-gardiste new-yorkais vient de concocter son deuxième essai, depuis leur reformation en 2009. Et quel album ! Toujours sous la houlette de leur gourou Michael Gira, « The seer » fait suite à « My father will guide me up a rope to the sky ». Une œuvre qui s’étale sur 2 bonnes heures, proposant des morceaux de 10 à 30 minutes. Fatale, extrême, languissante, hypnotique, viscérale, incantatoire, tantôt sauvage, tantôt paisible, la musique baigne au sein d’un univers apocalyptique à la beauté intense. D’ailleurs on ne sort pas indemne après avoir écouté « The seer ». « Mother of the world », « Avatar » mais surtout le titre maître, « A piece of the sky » et « The apostate » en sont les plus beaux exemples. Ecrasants, les rythmes s’élèvent en crescendo. Ils menacent, frappent et virent, in fine, à la folie sinistre. Un dénominateur commun aux compos de cet elpee, le baryton aigre-doux, fatigué, gémissant, profond, de Gira.
Celui-ci a déclaré que ce double elpee œuvre constituait le point culminant de 30 années de carrière. J’ajouterai, plus que probablement sa synthèse. Dans la discographie de Swans, « Filth », « Greed », « Children of God », « The burning world », « White light from the mouth of infinity » et « Love of live » constituent des oeuvres incontournables. Pourtant, en 1997, le band se sépare et Gira se concentre sur différents projets, dont Angels of Light, davantage orienté vers le concept du ‘drone’. Il faudra attendre 2010, pour que Gira remonte ses Cygnes. Il cherchait son second souffle. Et le trouve immédiatement sur le vaporeux « My Father Will Guide Me up a Rope to the Sky ». « The seer » en est donc la suite. Et première constatation, il épingle quelques collaborations. La plus surprenante ? Celle de Jarboe, son ex-compagne, sur « A piece of a sky ». Encore que celles du couple Sparhawk/Parker (Low) pour « Lunacy » ou de Karen O des Yeah Yeah Yeahs a également de quoi déconcerter. Ils sont d’ailleurs une trentaine à avoir participé aux sessions de ce qui risque plus que probablement de devenir le chef d’œuvre de Swans…