Doux dingue épris de liberté, Jérôme Mardaga est présent dans notre paysage sonore depuis pas mal d’années.
Auréolé d’une réputation sympathique, encensé pour ses prestations électriques, adoré par une certaine frange indé de la crème shoegaze, l’éternel jeune homme au crâne luisant rêve pourtant de mûrir dans des fûts faits d’un autre bois.
Léguant ce constat comme un aveu de semi échec : « Zinzin » n’est qu’un album de musique Pop (cf. son interview dans nos colonnes).
Certes un bon album Pop dont il peut tirer un peu de fierté, mais juste un album Pop.
Faut il lui donner raison ?
Sans doute, au vu de ses aspirations.
Néanmoins, il est important de relativiser le propos avant d’aborder l’écoute de cet album.
D’un point de vue clinique, celui-ci regorge d’excellentes idées et avant toute chose de très bonnes chansons.
Composé au bord du lac de Garde et enregistré dans une église dont le clocher fait de l’œil à un Ikea tout proche, « Zinzin » s’ouvre sur un pamphlet à l’adresse de la communication de masse (« John Lennon s’est suicidé ») et se poursuit « Le Vendredi Aux Ecuries » avant d’enfourcher un pur sang vers un lointain far West local (« Princesse Au Regard Couleurs Ciel De Belgique » et « Paris Petite Conne » aux consonances Country)
La triste valse musette de « La Mort De Franck Vandenbroucke », pleine d’ironie, comme la vie de ce clown triste du cyclisme entame la mélancolie à venir sur « Pieds Nus Dans L’Aube ».
Un petit coup de fouet plus tard (« Ta Nuit Dans Les Bras De Berlin » qui swingue jovialement de biais) et que reprenne valse triste et mandoline (« Elle s’en va tuer un homme») qui nous mènent au sommet de cet opus.
Soit les douze minutes d’« Irons nous voir Ostende ? », une chanson tout simplement poignante. Tissée dans la simplicité d’un arpège mélancolique elle s’étend paresseusement, bercée par des paroles touchantes qui titillent nos sens en alerte.
C’est donc l’alarme à l’œil qu’on plonge entièrement nu dans « Lac De Garde », dernier titre instrumental aux scintillements dorés qui miroitent à la surface de cet elpee.
Voilà, le virage est amorcé, à défaut d’être franchi.
Un pied dans la Pop conventionnelle mais la tête déjà ailleurs, Jeronimo nous offre aujourd’hui un disque subtil, plein de grâce qui nous appelle déjà vers les sphères plus éloignées où cet artiste tentera de nous emmener demain.
En attendant, « Zinzin » est à ce jour son meilleur album, assurément.
En concert :
24/10/2013 : Brasserie Sauvenière - Liège