Finlandaise d'origine et Bruxelloise d'adoption, Anu Jannunen nous promène tout au long de son deuxième album. De jazz en folk, de swing en valse lente, l'ensemble nous berce au sein d’une ambiance harmonieuse où Anu Junnonen chante, hormis une chanson reprise du Brésilien Lenine, en anglais (principalement) et en finnois.
Et certains de découvrir comme moi dans ces deux chansons tirées du folklore nordique, que le finnois est une langue particulièrement musicale grâce aux rythmes des allitérations. Car le finnois a recours à un nombre limité de consonnes avec lesquelles un mot peut commencer (merci Wikipédia). Pour la troisième plage, « The luckless lands of the north », nostalgie du pays, Aju Junnonen récite et chante également une traduction anglaise issue de la Kalevala, sorte d'épopée finlandaise basée sur des poésies populaires et fondement de l'identité nationale finlandaise. Outre la musique des mots, soulignons la qualité des textes, des compositions et des arrangements de la jeune artiste. De sa voix, d'une sensualité retenue, il me semble entendre la marque d'un de ses professeurs du Conservatoire de Bruxelles, David Linx. Coté ensemble musical, je retiendrai particulièrement Yves Peeters à la batterie. Il est un support rythmique subtil et bien présent. Et surtout, l'accordéoniste Tuur Florizoon. Réelle deuxième voix partagée en duo avec la chanteuse, il nous déploie le clavier des possibles de son instrument.
Bien qu'il soit sorti mi-juin, cet album m'inspire plutôt l'automne, voire l'hiver. Le brouillard, les oreilles froides, l'écharpe de laine. Certains morceaux ont des accents nostalgiques comme ces matins brumeux où l'on aperçoit les herbes gelées dehors, pendant que notre souffle accroche des ronds de buées à la vitre. Et puis d'autres morceaux pétillent et swinguent comme les flammes du feu de bois qui crépitent derrière nous. On s'évade... mais ce n'est pas une raison d'attendre Noël pour écouter ce disque!