Difficile de ne pas évoquer le drame qui a frappé Girls in Hawaii en 2010. L’accident de circulation qui a coûté la vie à leur batteur Denis Wielemans, frère d’Antoine, l’un des chanteurs du groupe, est toujours dans nos mémoires. Mais aussi dans l’esprit des musiciens. C’est ce qu’on ressent après la première écoute de leur 3ème opus, « Everest ». Un enregistrement qui s’est probablement transformé en une longue et douloureuse épreuve pour les membres de la formation de Braine-l’Alleud. Même si le climat est plus sombre et moins accessible, l’elpee creuse un même sillon que celui tracé par deux premiers essais, « From Here to There » et « Plan to Escape ». Les mélodies sont cependant moins contagieuses, et ne s’apprivoisent qu’après plusieurs écoutes. L’esprit de Grandaddy et le spectre de Sparklehorse hantent cette œuvre bouleversante. Des émotions accentuées par les voix tellement fragiles, le plus souvent conjuguées en harmonie, d’Antoine et de Lionel. Si « Not Dead » et « Misses » peuvent se résumer en de véritables exutoires, l’opus baigne au sein d’un folk indie qui fait la part belle à l’esthétisme. Un esthétisme glacé, souvent ténébreux, mais tellement bouleversant. Les musicos de Girls in Hawaii ont conservé cet art à torcher des mélodies d’orfèvre, mais aujourd’hui très susceptible d’exacerber le spleen…