Un titre d’album bien grivois et une pochette guère ragoûtante pour ces Transalpins accueillis à bras ouverts par Sub Pop.
Une esthétique volontairement peu appétissante qui illustre toute la noirceur d’un album déboulant pied au plancher.
D’entrée de jeu, « Death Climb » martèle sauvagement le désir de ces jeunes gens de se manifester dans le bruit et la fureur, un peu dans l’esprit de Pop 1280.
« Spit Dirt » embraie. Sa rythmique hypnotique et endiablée nous entraîne dans la « Death Valley 69 », pour y accomplir une virée en compagnie de squelettes aux yeux exorbités qui ont endossé des vestes de cuir. Huit minutes bien allumées et férocement addictives.
L’impact créé par « Sea Bug » est à nouveau plus direct. Les voix toujours bien énervées scandent les textes avec conviction. Les motifs de guitares sont découpés par des riffs en dents de scie (électrique s’entend) et dessinent des arabesques qui adoucissent les angles pourtant bien rugueux.
Les textes sont salaces à souhait et nous balancent dans le cambouis de visions cauchemardesques…
Éructés dans l’urgence et la rage qui ne se contient plus (mais on ignore si elle a feint de vouloir se contenir à un quelconque moment).
Et quand le calme revient, c’est plutôt fiévreusement. D’ailleurs l’ensemble de l’opus conduit à un certain état de folie orchestrée.
La douceur est maladive (« Red Earth ») et sans atteindre le degré d’aliénation du « Pornography » de The Cure, renvoie néanmoins à cet état d’esprit fébrile où il hésite entre sombrer définitivement ou tenir debout encore quelques brefs instants.
Le long playing s’achève en roue libre, submergé par une dernière perspective malsaine.
Une œuvre ténébreuse et dans l’ensemble assez convaincante, même si elle tend parfois vers la caricature.
Après une flopée de singles, His Electro Blue Voice signe donc un album prometteur qui donne résolument envie d’en entendre davantage.