En 1976, quatre mauvais garçons, un peu laids et franchement portés sur la chose, décident d’emboîter le pas aux Sex Pistols. Comme en attestent vos dictionnaires du rock et autres anthologies du mode binaire, The Pork Dukes ! n’a pas connu le succès foudroyant de la bande à Johnny Rotten. Pour des raisons diverses (absence d’un homme de l’ombre aussi influant que Malcolm McLaren, réactions négatives des radios, etc.), ils se contenteront des miettes et de quelques coups d’éclats en queue de peloton. En 1977, leur single « Bend & Flench » s’écoulera tout de même à près de 20.000 exemplaires. Cette vente record trouve son explication dans la légende : à ses débuts, le groupe tenait à conserver l’anonymat. Les rumeurs les plus folles ont alors commencé à circuler. Les bruits de couloir laissant même sous-entendre que la formation n’était autre qu’un projet parallèle de Led Zeppelin. On a même invoqué une incursion des membres de Fairport Convention sur la scène punk, avant d’affirmer que Keith Moon, en personne, était la voix des Pork Dukes! En définitive, ces ragots sont tombés les uns à la suite des autres et le groupe a tenté une percée à visage découvert.
En toute logique, la formation aurait dû jouer des coudes avec les protagonistes punks de l’âge d’or. Mais les habitudes déglinguées du quatuor ont finalement eu raison de leurs ambitions. Sur scène, The Pork Dukes! aspirait au chaos, trimballant une tête de cochon fraîchement découpée lors de ses sorties nocturnes, balançant tessons de bouteilles et autres broutilles (verres, seringues usagées) à la tête d’un public défoncé et toujours partant pour une bonne baston. Pour parfaire ce descriptif apocalyptique, on ajoutera que le groupe était pisté par de nombreuses associations féministes, furieuses d’entendre des paroles dépeignant la femme dans sa dimension la plus fonctionnelle. Sadomasochistes déguisés en punk, machistes convaincus, nos petits porcs se sont finalement séparés. Pour célébrer le 30ème anniversaire de l’album « All the filth ! », on profite aujourd’hui d’une réédition synthétisant les efforts du quatuor. Et, force est de constater qu’ils n’étaient pas moins doués que les Pistols... D’ailleurs, pour fêter ça, ils se reforment ! A bon entendeur...