Après un hiatus de six ans, King Khan et ses Shrines sont de retour. Et intitulé « Idle No More », leur nouvel album est toujours aussi solaire. Pourtant, ces dernières années n'ont pas été un long fleuve tranquille pour le Canadien d'origine indienne. Abattu par la perte d'amis chers (NDR : dont la légende du garage Jay Reatard) et par une violente dispute avec son complice de toujours Mark Sultan (NDR : également épuisé par les abus), Arish Ahmad Khan sombre dans la dépression. Après une longue introspection, quelques stages en sections psychiatriques et des retraites spirituelles dans des monastères bouddhistes, il nous revient en pleine forme et « Idle No More » en est la preuve la plus ‘groovante’.
Car, bien heureusement, les Shrines n'ont pas perdu l'enthousiasme et la folie qui en font un des groupes les plus efficaces en ‘live’. On retrouve toujours la fusion de rock garage, de funk/soul de l'époque blaxploitation et de psychédélisme qui constitue la base musicale du band depuis sa création. Les sixties et le début des seventies restent donc l'influence majeure des présentes compositions. King Khan semble ici avoir puisé une grande partie de son inspiration dans la musique des Stones période Brian Jones et dans la British Invasion en général (Animals, Zombies...) Le chant du Canadien, s'il reste influencé par James Brown, n'a d'ailleurs jamais sonné si ‘Jaggerien’. Mais les ombres de Curtis Mayfield, de Wilson Pickett et du Sun Ra Arkestra continuent de planer au-dessus du berceau, à travers notamment une section de cuivres toujours aussi décoiffante. Que de jolies références auxquelles on peut ajouter une dose de Northern Soul ("Luckiest Man"), un zeste de Motown ("Pray For Lil") et un doigt de Jay Reatard fatalement ("So Wild", en forme d'hommage).
Signé pour la première fois sur un label notoire (Merge), le groupe a sans doute pu bénéficier de conditions idéales pour l'enregistrement. Certes, les guitares sont encore poisseuses et psychédéliques mais la production est plus confortable et le ton un rien plus pop ("Better Luck Next Time" et son refrain notamment). De quoi augmenter le nombre de fans qui pourront remuer allègrement du derrière sur les stoniens "Born To Die" et "Thorn In Her Pride", les deux tubes de "Idle No More". Les plus romantiques craqueront sans doute aussi pour "Darkness", sucrerie soul dédié à Nina Simone où l'on découvre un King Khan inédit, tendre et caressant. Un album réussi donc qui donne encore plus de crédibilité à ce groupe avant tout reconnu pour ces performances scéniques et lui ouvre des horizons discographiques assez prometteurs.
King Khan & The Shrines se produiront à Dour le dernier jour en guise d'apothéose festive. Gageons que peu de festivaliers résisteront à l'appel de cette formation endiablée et de son bondissant gourou.