Pour enregistrer son nouvel album, Tom Van Laere a de nouveau enregistré aux States. A Hoboken, près de New York, très exactement. Et sous la houlette de John Agnello. Un producteur notoire qui bosse ou a bossé régulièrement pour Sonic Youth, Dinosaur Jr, Kurt Vile, et bien d’autres, dont Cell, un quartet qui avait publié deux elpees épatants au tout début des 90’s.
Lors des sessions, l’Anversois a bénéficié du concours de quelques grosses pointures. Dont le drummer du défunt Sonic Youth, Steve Shelley, des guitaristes Jeff Bailey (Phosphorescent) et J Mascis (Dinousaur Jr), ainsi que de David Mansfield, à la mandoline et surtout à la pedal steel, un musicien qui a milité, au cours des 70’s au sein du backing group de Bob Dylan.
A l’écoute de cet opus, on ressent la patte d’Agnello. Le son est chaud. Typiquement américain. Un climat qu’on retrouve également dans la musique de Lloyd Cole (NDR : il est pourtant britannique, mais vit aux States depuis plus d’un quart de siècle). Tom possède une voix rauque parfaitement adaptée à ce type de répertoire, une voix qu’il ponctue épisodiquement d’interventions à l’harmonica.
Enrichi de cuivres et caractérisé par ses arrangements luxuriants, l’hymnique « Nothing else to do » évoque plutôt Ryan Adams. Bien balancé, « Walking wounded » lorgne vers Chuck Prophett (NDR : deux artistes bien yankees !) Un titre au cours duquel on a envie de danser ou tout au moins de taper du pied. J Mascis vient donner un bon coup de gratte sur « Finding my way back to you ». Et particulièrement offensif, « No one here » nous communique irrémédiablement la bougeotte. Vous avez sans doute déjà entendu le single « Breaking away », sur l’une ou l’autre station radiophonique, une compo contagieuse dont les cordes de guitare tintinnabulantes évoquent The Church.
Mansfield dispense ses interventions à la pedal steel sur les pistes les plus alanguies. A l’instar de « The land of lack » ou du mid tempo « Don’t want to feel good today ». Autre piste mid tempo, « Making love in 2014 » est parcourue de sonorités de guitare bringuebalantes ; un morceau dont la mélodie semble ficelée à la manière de feu John Lennon. Conjuguant bossa nova et country & western, « In spring » constitue la plage la plus ensoleillée du long playing. A contrario, « Sad old light » l’achève sur un ton plus ténébreux ; une plage crépusculaire, presque martiale, rythmée par le glas d’une cloche et enveloppée de chœurs. Enfin, on épinglera encore l’émouvant « The poet’s words », une compo caractérisée par la participation d’une section de cordes ainsi que d’une harpiste ; puis l’étonnant « Do you duty », un morceau discrètement épicé de swing qui lorgne subrepticement vers la Nouvelle Orléans…
Son meilleur album à ce jour. Il figurera certainement parmi mon Top made in Belgium pour 2014. Si pas davantage…