Depuis le départ de Hugh Cornwell, les aficionados des Stranglers traînent misérablement leur spleen. Pourtant, Paul Rodgers et John Ellis se sont parfaitement intégrés au nouveau line up. Mais la musique a perdu ce feeling vindicatif, insidieux, menaçant, garage, qui le distinguait de tous les autres groupes. Voici pourtant quelque chose qui devrait jeter un baume sur le cœur de tous ces broyeurs de noir. Une compilation. Mais pas n'importe quelle compilation. Concentrée sur une période sise entre 77 et 82. Soit les meilleures années du groupe. Elle exhume des versions inédites. Exécutées lors de sessions d'enregistrement le 7 mars 77, le 13 septembre de la même année et enfin le 11 février 1982. Les deux premières sessions épinglent des exercices de style commis antérieurement aux morceaux définitifs. Huit chansons qui seront reliftées avant d'être reproduites sur « Rattus Norvegicus » ou « No more heroes ». En l'occurrence "Hanging around", "I feel like a wog", "Goodbye Toulouse", "Something better change", "No more heroes" (of course!), "Burning time", "Dead ringer" et puis surtout le très controversé "Bring on the nubile", dispensé ici dans sa mouture originelle ; c'est à dire celle qui, à l'époque, avait provoqué une levée de boucliers de la part des ligues féministes... La dernière session adopte une technique inverse, puisque "The man they love to hate", "Nuclear device/Genetix" et "Down in the sewer" ont été épurés de leurs overdubs, arrangements superflus et artifices de studio, particulièrement prolifiques sur "La folie" et "The raven". Et la décantation est tellement efficace que les sept minutes trente de "Down in the sewer" prennent ici une toute autre dimension. Live! La scène, véritable objectif poursuivi par ces sessions. La scène, là où les Stranglers ont écrit leurs lettres de noblesse...