A peine âgé de 29 ans, Jarekus Singleton est un jeune bluesman originaire de Clinton, dans le Mississippi. Il s’est cependant établi à Tampa, en Floride. Il a une peau noire au teint clair. Vu sa jeunesse, il a une vision contemporaine du blues, insufflant à ses compos une énergie rock, des vibrations r&b et même des élans hip hop! Jarkus avoue une passion pour les King (BB, Albert et Freddie), Stevie Ray Vaughan et en même temps pour le rap. Il a l’ambition de créer le blues du XXIème siècle. Au cours des derniers mois, il s’est produit dans le cadre d’une multitude de festivals ; ce qui lui a permis d’être repéré par Bruce Iglauer, le patron d’Alligator, label sur lequel il a signé.
Les sessions d’enregistrement se sont déroulées au studio PM Music, à Memphis. Il y a reçu le concours de son backing band, soit l’organiste James Salone, le bassiste Ben Sterling, et le drummer John ‘Junior’ Blackmon.
Dès "Refuse to lose", on se rend compte que le blues de Jarekus sera différent. La construction instrumentale est plutôt complexe. L’interaction entre la guitare et l'orgue est constante. Aux six cordes, Singleton impressionne. Il est capable de libérer un tourbillon de notes rock de sa gratte ou de la faire sonner carrément blues. Soutenu par la section rythmique, "Purposely" se distingue par son funk novateur. L'orgue confirme son rôle de catalyseur naturel pour les cordes du leader. Elaborée, la structure autorise un envol chargé de passion. Excellent ! Pur r&b, "Gonna let go" est une invitation à investir la piste de danse. La voix délicatement soul de Singleton caresse "Crime scene", un blues lent contagieux traversé par un solo de guitare beau à pleurer. Et on n’est pas au bout de nos (bonnes) surprises. "Keep pushin" emprunte davantage au rock qu'au blues pur et dur. Sous la conduite de la guitare, les changements de rythme sont judicieux. L’orgue de Salone communique à nouveau ses impulsions chaleureuses à l’ensemble. Une rampe idéale pour le décollage des cordes suivant, tout en adressant un petit clin d'œil aux échanges entre Carlos Santana et Greg Rolie, opérés dans un passé assez lointain. La barre est placée très haute et n’est pas prête de retomber. "Suspicion" bénéficie d’une délicate touche jazz. "Hell" est un blues lent accrocheur souligné par la voix harmonieuse de l’artiste. "Here" vire au funk naturel. "High minded" campe un blues très classique. "Blame game" se révèle plus singulier ; à cause une nouvelle fois de sa structure mélodique alambiquée. Pour la circonstance, Jarkus est épaulé par Brandon Santini, un jeune prodige à l’harmo et le pianiste Robert ‘Nighthawk’ Tooms. "Come with me" achève l’elpee. Un R&B rocker imprimé sur un tempo nerveux, fruit de la parfaite osmose entre les cordes et l'orgue de Salone. Un excellent album !