Grégoire Fray assume pratiquement seul la paternité de Thot. C’également le créateur d’un style qu’il a curieusement baptisé ‘Vegetal Noise Music’.
Pour la circonstance, il a mis les petits plats dans les grands, en confiant le mix final à Magnus Lindberg (Cult Of Luna).
Cette œuvre dévoile ses visions sombres, sorte de trames opaques et visqueuses d’un Indus-Electro-Rock qu’on comparera forcément à Nine Inch Nails.
Mais au-delà d’une certaine admiration pour Trent Reznor, on décèle avant tout un désir réel de se démarquer par le biais de compositions riches et fort bien mises en place.
En live, Thot bénéficie d’un line up efficace et de projections vidéo susceptibles de mettre en lumière toute son obscurité. C’est donc à un projet réfléchi auquel on a droit.
Une réflexion qui démarque ce troisième album des deux précédents (« The Huffed Hue » et « Obscured By The Wind ») en poussant l’univers de Thot dans des retranchements à la fois malsains et attractifs.
Envoyé en éclaireur et en exclusivité sur le réseau deaddrops.com, le single « HTRZ » qui ouvre ici le long playing trace d’ailleurs la voie dans ce sens, déflorant une flore étouffante à coups de serpes digitales.
Si la surabondance d’effets fatigue quelque peu l’attention au fil de l’elpee (et principalement sur les voix), il faut souligner le travail remarquable réalisé en amont par cet artiste belge.
Seul aux commandes et ignorant les compromis, il délivre ici une œuvre personnelle forte et mise en abîme par une production léchée, faisant la part belle à un souci du détail.
En découle une plongée en apnée haletante, angoissante, heureusement ponctuée de respirations en surface (au souffle court) salvatrices dans ces dédalles suintant de phobies urbaines.
Des atmosphères qui atteignent leur paroxysme sur « Citizen Pain », lors d’une finale noise aux reflets de goudron.